Publié le Lundi 27 juin 2016 à 07h56.

Grenoble (38) : La mairie « alternative et citoyenne » face à une contestation de gauche

Le modèle grenoblois d’une alternative réformiste « rouge-verte » a du plomb dans l’aile... Deux ans après son élection, le maire Éric Piolle et sa majorité Verts-PG-Ensemble viennent d’annoncer un plan de rigueur drastique.

Celui-ci comporte la fermeture de nombreux sites municipaux de proximité, dont 3 bibliothèques, l’essentiel dans des quartiers populaires. Dans la foulée ont été annoncées – entre autres – l’augmentation du prix des repas dans les cantines scolaires, de l’entrée dans les piscines, la « restructuration » des activités périscolaires, le sabrage du service de santé scolaire, la restriction des services sociaux pour les personnes âgées...

Après la culture lors du budget précédent, la municipalité sacrifie l’éducation, la santé et l’associatif de proximité pour économiser 14 millions d’euros sur deux ans. Plus de 100 postes vont être supprimés, mais les salariéEs touchés sont laissés dans l’obscurité quant à l’application concrète des décisions. Cerise autoritaire sur le gâteau, la pression mise sur les agents pour les dissuader de parler de ces fermetures avec les usagers, à coup de « devoir de réserve » !

L’annonce officielle de ce plan d’austérité fut fixée... le jeudi 9 juin, jour de manif contre la loi travail. Pas de chance ! À l’issue de celle-ci, beaucoup se sont retrouvés devant la mairie au moment de la conférence de presse pour demander des explications. Alors que le maire se pose en champion du débat et du dialogue citoyen, ce sont des portes closes et la police municipale qui les ont accueillis. Un groupe d’une centaine de personnes a néanmoins réussi à rentrer dans l’hôtel de ville et à perturber la conférence de presse en scandant « Austérité et répression, Valls-Piolle, même combat ! », faisant ainsi le lien entre les politiques libérales nationales et municipales. De nouveau, ce fut une intervention de CRS devant la mairie qui vint clore le « débat citoyen », comme lors de la première tentative grenobloise de Nuit debout, achevée dans les lacrymogènes le 31 mars, la mairie refusant la diffusion du film Merci Patron ! à la suite du défilé.

Des colères à unifier

Les événements du 9 juin montrent une colère assez large contre Piolle au sein du mouvement social grenoblois. Certains collectifs de quartier se mobilisent pour sauver leurs équipements. La question d’unifier ces résistances s’est posée le mardi 14 juin, lors d’une première initiative syndicale, à l’initiative de Sud Territoriaux (pas d’appel syndical unitaire ce coup-ci). Une soixantaine de personnes, dont plusieurs dizaines de salariéEs se sont assemblées devant la mairie, avant d’y entrer pour tenir une assemblée générale, motivée à préparer des suites rapides.

Nous ne nous faisons pas d’illusions sur la possibilité de changer la société par la gestion des institutions. Le cas grenoblois confirme que celle-ci ne peut se faire qu’en respectant finalement les diktats du système néolibéral profondément injuste. L’équipe Piolle semble elle bien s’en accommoder. S’abritant derrière les baisses de subventions nationales, elle favorise les populations aisées, cadres, chercheurs et chercheuses... Ne s’engageant pas dans une lutte pour la justice sociale, elle se trouve désormais face à l’opposition décidée d’une part de sa base militante initiale. Pour le NPA, une chose est sûre, l’alternative politique n’est pas dans les bureaux de Piolle, mais se construit bien dans la rue... et contre lui !

Pascale Harmenn