Si les chiffres globaux de l’épidémie, à l’échelle internationale, semblent se stabiliser, ils continuent en réalité à augmenter dans plusieurs pays clés : l’Inde et le Brésil (et toute l’Amérique du Sud) en particulier, plusieurs pays d’Afrique, dont l’Algérie et le Sénégal… Le nombre de mortEs dépasse les 300 000 personnes dans le monde. Les systèmes de santé de nombreux pays n’ont pas pu faire face à l’épidémie. Et le déconfinement à l’œuvre dans plusieurs pays pourrait bien provoquer un rebond de l’épidémie.
En France, le déconfinement est mis en place sans réelles mesures de protection pour la population et les travailleurEs. Les masques sont payants et pas toujours accessibles. Et, surtout, le véritable outil de lutte contre l’épidémie, le test, qui permet d’isoler pour soigner les malades, n’est pas mis en place malgré les promesses du gouvernement : 112 000 par semaine, bien loin des 700 000, déjà insuffisants, annoncés par Macron. Le protocole sanitaire pour les écoles est quasiment impossible à tenir, alors même qu’il semblerait que seuls 20 % des élèves aient repris l’école.
L’épidémie peut donc rebondir. La semaine dernière, le nombre de morts a d’ailleurs augmenté de 17 %. Dans les entreprises, les difficultés souvent aggravées par la mauvaise volonté patronale de mettre en place des dispositifs vraiment protecteurs s’ajoutent aux craintes sur l’emploi.
Arrive la crise économique
Amplifiée par le coronavirus, la crise économique montre son visage catastrophique. En France, le gouvernement table sur une chute du PIB de 8 %, il y a 620 000 chômeurEs de plus, tandis qu’aux États-Unis le chômage est passé de 5 à 15 %. De nombreux témoignages montrent que la faim se développe : aux États-Unis, une étude montre que 20 % des enfants de moins de 12 ans ne mangent pas suffisamment...
Et ce n’est qu’un début. En effet, tous les gouvernements se préparent à une crise économique sans précédent, et plusieurs grandes entreprises font face à des difficultés de l’offre pour certaines, de la demande pour d’autres. La bourgeoisie met en place de nombreuses attaques contre le droit du travail et contre les classes populaires en général : augmentation du temps de travail, suppressions de RTT ou de jours de congé, chômage partiel… Sans parler de l’augmentation du chômage qui, à court terme, va toucher des centaines de milliers de nouvelles personnes.
Résistances… et répression
Face aux reculs que l’on veut nous imposer, il est temps de reprendre l’offensive. Dans la santé, les personnels se sont saisi du petit ralentissement de l’épidémie pour reprendre le chemin des mobilisations, avec des manifestations dans plusieurs villes, en particulier à Toulouse et Paris. À la SNCF, des mobilisations ont aussi lieu, en particulier pour soutenir des collègues menacés de sanctions, comme notre camarade Éric Bezou qui risque d’être licencié. Sur le terrain de la solidarité avec les migrantEs, particulièrement touchés par la crise, une journée de mobilisation est en construction pour le 30 mai.
Les rassemblements de ces derniers jours ont été interdits, harcelés par la police, pendant que les violences policières dans les quartiers populaires continuent, avec la mort du jeune Sabri, 18 ans, à Argenteuil dimanche soir. La fonction politique de cette répression est d’endiguer les colères qui pourraient exister face à la crise sociale.
Reprendre le chemin de la lutte
Le « monde d’après » de la Macronie et du Medef est déjà là, fait de reculs sociaux, de « relance » d’un système socialement et écologiquement destructeur, de renforcement des pratiques autoritaires. C’est exactement l’inverse qu’il s’agit d’imposer, par la mobilisation collective des premierEs de corvée, contre un pouvoir qui voudrait nous faire oublier cette évidence qui a sauté aux yeux de millions de gens durant le confinement : ce ne sont pas les PDG, les actionnaires, les ministres et les politiciens professionnels qui font tourner cette société, mais la majorité qui trime, produit les richesses et assure les services essentiels.
Dans toutes les entreprises, dans les quartiers, l’heure est à la reprise des luttes : réunions d’informations syndicale, réunions de quartier, rassemblements, grèves… il y a urgence à discuter des revendications pour faire face à la situation : interdiction des licenciements et réduction massive du temps de travail, mise à disposition de tests contre le virus et réquisition des entreprises pharmaceutiques, création d’un million d’emplois dans la fonction publique, en particulier dans la santé, secteur dans lequel les besoins sont estimés à 120 000 postes… Au niveau local comme national, l’heure est à la construction de l’unité de notre camp social et de ses organisations (syndicats, associations et forces politiques) pour avancer dans ce sens.