Publié le Vendredi 31 juillet 2009 à 12h44.

La fin rampante du service public de l'emploi

Les agents de Pôle emploi qui paient les pots cassés de la fusion entre l'ANPE et l'Assedic sont en outre submergés par l'afflux de nouveaux chômeurs. Mais plutôt que de procéder à des embauches, le gouvernement sous-traite au privé. 

Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'Emploi avance son « plan d'urgence » pour la rentrée : aucune embauche n'est prévue au Pôle emploi mais le suivi de 320 000 chômeurs va être transféré à des opérateurs de placement privés (OPP), d'ici 2010. Soit un budget de 100 millions d'euros pour la seule année 2009… La crise sert là encore de prétexte pour éviter de tirer le bilan catastrophique de la fusion de l'ANPE et de l'Assedic, merveilleuse réforme voulue par Sarkozy. Pourtant, tout devait être « simple », comme l'a si souvent répété la direction de Pôle emploi, dont le but était de proposer à « ses clients » un service complet via un interlocuteur unique. Mais plus de six mois après, plus personne ne s'y retrouve : ni les usagers trimballés d'un service à un autre ou d'un conseiller à un autre, ni les agents complètement dépassés par la dégradation de leurs conditions de travail, liée à la fois au contenu de leur mission et à l'augmentation de la charge de travail.

Dans ce contexte, le recours au secteur privé pose plusieurs questions. En termes d'intérêt pour les chômeurs, la dernière étude sur l'impact de l'accompagnement renforcé sur le taux de personnes ayant retrouvé un emploi de plus de six mois démontre qu'à moyens égaux, l'accompagnement proposé par le service public de l'emploi offre des résultats bien meilleurs que ceux du privé. Ainsi, après trois mois de suivi, 5,5 % des demandeurs accompagnés par l'ex-ANPE retrouvaient un emploi contre 1,7 % par les OPP ; après six mois, 8,4% contre 3% et après neuf mois, 16,9% contre 5,7%. Les résultats parlent d'eux-mêmes mais le gouvernement s'entête.

Quant aux effets vis-à-vis des agents du Pôle emploi, selon le directeur général Christian Charpy, la concurrence avec les OPP les stimulerait. Au-delà du mépris envers les salariés de Pôle Emploi - qui subissent quotidiennement la fusion - le gouvernement et la direction essaient de justifier, par tous les moyens, leur politique de privatisation du service public et la transformation des conseillers à l'emploi en police de l'emploi.

Le chômage devient ainsi un marché juteux pour bon nombre d'entreprises : agences d'intérim, cabinets… Ces derniers seront payés en fonction de leurs résultats.

Mais parallèlement, le durcissement des politiques de l'emploi continue : offre raisonnable d'emploi (ORE), qui impose d'accepter des postes éloignés de chez soi avec un salaire au rabais après quelques mois de chômage ; contrôle, à l'aide de lampes UV, des papiers d'identité lors de l'inscription, avec l'obligation pour les conseillers de noter les fausses pièces sans avertir le chômeur ; convocation mensuelle entraînant de nombreuses radiations supplémentaires, alors même qu'il y a peu d'offres d'emploi et de formations.

Alors comment éviter que les OPP, dans une logique de rentabilité, ne contraignent les chômeurs à accepter n'importe quel emploi prétendu raisonnable ?

Le recours au privé permet ainsi à la direction de Pôle emploi de déjouer les résistances des agents n'appliquant pas - pour beaucoup d'entre eux - l'ORE et autres mesures coercitives. 

Dès le départ, Christine Lagarde avait annoncé la couleur. La fusion devait répondre aux besoins du marché du travail : la flexibilité. Il est évident que Pôle emploi a pour seul objectif de répondre aux intérêts du patronat en termes de main-d'œuvre précaire et flexible. Rien de tel donc que des structures imposant aux travailleurs privés d'emploi d'accepter des postes dont personne ne veut, à coup de menaces de sanctions financières.

Devant cette situation, de plus en plus d'agents se révoltent. Il n'y a jamais eu autant de collectifs, de pétitions, d'actions spontanées, concernant les conditions de travail et/ou les missions (ORE, contrôle d'identité).

Il ne reste plus qu'à espérer qu'une grande mobilisation aura lieu à la rentrée, pour lutter contre cette fusion qui démontre chaque jour son incapacité à résoudre quoi que ce soit. 

Le Comité NPA Pôle emploi