Vendredi 10 février était le jour où la direction avait annoncé vouloir dénoncer tous les accords collectifs régissant la paie, les primes et le temps de travail à Air France. La réaction des salariés, avec SUD et la CGT (partout), et avec l’Unsa, FO ou CFDT (selon les endroits), a été à la hauteur. 150 à l’aérogare Orly Ouest se sont rassemblés et ont manifesté, bravant l’interdiction policière. Sur le centre industriel d’Orly Nord, plus de 300 salariés sont partis en manifestation et ont envahi le centre informatique voisin, aux chants de « On a tous zéro », faisant référence à la suppression des avancements cette année et au blocage annoncé des salaires pour les deux ans à venir.
À Roissy, où se tenait le comité central d’entreprise, près de 700 salariés de l’industriel, du fret et de l’aérogare ont envahi le siège social : en forçant les grilles d’abord, puis les grandes portes vitrées, puis les tourniquets d’accès vers les lourdes portes de la salle gardées par les vigiles. Ils sont entrés dans la salle où se tenaient la direction et les élus en session. Dans une ambiance survoltée et entre une haie de « déshonneur », la direction a été expulsée du siège sous les huées des grévistes entonnant les slogans : « dehors dehors » et « on est chez nous ».
La nouvelle direction arrivée en novembre, formée par Juniac et ses copains de la bande à Sarkozy paraît avoir déjà épuisé son capital de confiance. Les salariés sont exaspérés par ce discours de rigueur pour les plus petits quand les plus hauts s’en mettent plein les fouilles. Juniac et son salaire d’embauche à 900 000 euros, et le nouveau scandale du lundi 13 : un billet réservé en classe affaire pour M. Gourgeon et ses amis, destination l’île Maurice pour 24 euros l’aller-retour, à une date où les salariés ont interdiction de voyager sur les lignes Air France car la demande passagers est trop forte ! M. Gourgeon, ex-PDG débarqué par Spinetta, et qui a touché 1,4 million d’euros comme prime de départ en octobre (!) avait lui aussi prôné la rigueur et les sacrifices…
Les militants révolutionnaires sont à la pointe dans cette lutte, qui ne fait que commencer !