Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes, jeune loup de l’UMP, se revendique de la droite dite sociale. Il fait partie de ces bonnes âmes qui se scandalisent des maigres droits concédés aux plus pauvres, « la principale injustice dans notre pays ». Il part en guerre contre les « dérives de l’assistanat » et vient de proposer d’imposer cinq heures de « travail social » aux bénéficiaires du RSA et de limiter à 75 % du Smic le cumul de tous les minima sociaux. Au titre du RSA, une personne seule touche 466 euros net par mois, voilà ce qui scandalise Wauquiez et ses amis. Dans son zèle à stigmatiser les victimes de la politique des riches, il n’est pas gêné de vouloir maintenir sous le seuil de pauvreté les 8 millions de personnes qui vivent avec moins de 950 euros par mois.Voilà pour ces larbins des riches le scandale, l’injustice ! Il voudrait ainsi désigner les plus démunis à la vindicte populaire, diviser les victimes de la politique du gouvernement entièrement dévoué aux classes possédantes. Il fait la leçon aux plus pauvres pour mieux masquer le véritable scandale des inégalités qui ne cessent de s’aggraver, du chômage, de la politique de l’État qui est un des principaux licencieurs, entretient la précarité, subventionne le patronat, organise la hausse des prix. Face au mécontentement croissant, il voudrait trouver des boucs émissaires. Et non content de s’en prendre avec bassesse et cynisme aux plus démunis, Wauquiez attaque dans la foulée les étrangers accusés de profiter indûment d’avantages sociaux.Dans la même veine, Claude Goasguen, député-maire UMP du 16e arrondissement de Paris, dans une interview au quotidien la Croix, s’en prend aux binationaux qu’il veut contraindre à « choisir entre deux nationalités » ou aller « vers une limitation de leurs droits politiques ». Tout est bon à ces démagogues pétris de préjugés réactionnaires, du mépris de ce qui n’est pas leur petit monde de privilégiés, pour tenter de trouver des exutoires à la colère de la population. Ils ne font que l’attiser, la concentrer sur eux.
Yvan Lemaitre