Publié le Mercredi 31 janvier 2024 à 17h00.

Attal déclare la guerre sociale : Toutes attaquéEs, toutEs mobiliséEs

À peine nommé, le Premier ministre Attal essuie déjà la tempête. Son gouvernement, encore incomplet à l’heure où nous écrivons ces lignes, insupporte déjà. Les sondages ont beau dire qu’il recueille le meilleur score d’opinions positives (39 %) parmi tous les Premiers ministres de Macron, les opinions négatives restent supérieures (40 %) !

Il faut dire qu’après les « affaires » des ministres, le feuilleton Oudéa-Castéra, voilà la rue, ou plutôt les champs, qui lui rappelle que le niveau de vie de la population ne connaît pas les mêmes envolées que les dividendes. 

Car, les inégalités continuent de croître. Le coût de la vie des étudiantEs a ainsi augmenté de 25,5 % depuis 2017. La semaine dernière, une étude pointait une augmentation de 11,9 % des prix de l’alimentation en 2023 par rapport à 2022, avec des pics pour certains aliments (+ 21 % pour l’huile d’olive, + 20,4 % pour le riz, + 18,9 % pour les produits laitiers). Et le prix de l’électricité, déjà insoutenable pour de nombreuses familles, augmente dès le 1er février. Les revenus, les salaires n’augmentent pas dans les mêmes proportions, loin de là ! 

Le déverrouillage

De cela, pas un mot dans le discours de politique générale de Gabriel Attal du 30 janvier. Plutôt un satisfecit de la politique macroniste depuis 2017 aux accents cocardiers. Et, surtout, un plan de bataille pour une libéralisation accrue (si c’était possible !) dans tous les secteurs : le « déverrouillage » de la France. Terminé le « en même temps » à droite et à gauche, dont on a vu l’équilibre (introuvable) chanceler au cours des années, la macronie fait désormais du « en même temps » à droite et à l’extrême droite, tout en s’en défendant, tout en s’opposant aux partisans du Frexit (soit le RN !). 

Ne nous y trompons pas, si le Premier ministre a annoncé des mesures de libéralisation économique sur tous les fronts, il a aussi donné des gages à tous les réactionnaires et partisans de l’ordre, notamment à propos de la jeunesse. Dans la droite ligne du « Travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy, il a annoncé la remise en cause du Smic au motif que trop de salaires en sont proches ! Mais aussi la généralisation du conditionnement du RSA à 15 heures d’activité d’ici le 1er janvier 2025, la suppression de l’allocation spécifique de solidarité (ASS) pour les chômeurEs en fin de droits et la révision des règles de l’assurance ­chômage. Mediapart l’annonçait le même jour : « L’exécutif étudie des pistes de réduction des droits au chômage, parmi lesquelles une baisse supplémentaire de 20 % de la durée d’indemnisation et un durcissement des règles concernant les seniors »

Attal veut également réformer l’AME, aide médicale d’État, « par voie réglementaire » et la loi SRU imposant aux communes un taux de logements sociaux, dans lequel il compte inclure « le logement intermédiaire, accessible à la classe moyenne », faisant de fait baisser le nombre de logements sociaux. Sur l’éducation et la jeunesse, il a réaffirmé les annonces sur le collège, le SNU, l’uniforme… et déployé des mesurettes en matière de santé. Quant à l’agriculture et l’écologie, on continue droit dans le mur… avec la fierté d’être « dans un gouvernement pronucléaire avec une majorité pronucléaire » !

Construire la convergence des colères

Rien de nouveau, donc, dans ce discours de droite ? Si ! Car la bourgeoisie vit désormais avec des hantises : celle des Gilets jaunes, celle des révoltes de juillet 2023. Elle est bien décidée à poursuivre sa politique en faveur des riches et à faire la chasse aux pauvres, aux classes travailleuses/classes dangereuses en fondant sa légitimité sur la classe moyenne : « Je veux m’adresser à tous ces Français de la classe moyenne, qui ne se plaignent pas alors qu’ils ont souvent le sentiment de subir », a déclaré le Premier ministre. C’est désormais cette classe moyenne que le banquier-­président Macron cherche à séduire par la voix d’Attal, en lui montrant le sort qu’il réserve aux pauvres et en la détournant des profondes inégalités qu’il cultive. La macronie a appris de ses voisins, notamment de Meloni en Italie ! 

Il y a urgence pour les travailleurEs à construire la convergence des colères, à renouer avec le combat d’ensemble en faveur de la répartition des richesses et du respect des droits fondamentaux de se loger, se nourrir, recevoir des soins et une éducation. Nos intérêts sont aussi ceux de la société tout entière pour gagner contre les inégalités sociales criantes, le productivisme, l’agriculture intensive, l’exploitation du vivant et les oppressions !