Après des mois de grève dans les bureaux de poste des Hauts-de-Seine, le bras de fer entre les grévistes et la direction continue. L’analyse de la stratégie répressive de la direction, associée aux exemples de grèves générales, permet d’envisager les suites du conflit. La grève dans les bureaux de poste des Hauts-de-Seine a été suivie majoritairement. Elle s’est même étendue, multipliant les difficultés pour la direction. Face aux vigiles et maîtres-chiens, aux huissiers, aux grilles fermées, les grévistes ont fait preuve d’une détermination inhabituelle dans ce type de conflit, qui rappelait parfois les mobilisations de ces derniers mois dans le privé contre les licenciements. C’est ce qui a permis de gagner plus que si les bureaux s’étaient battus de manière isolée. En effet, la victoire est nette à Asnières, où les résultats immédiats de la grève sont satisfaisants1. Les agents sont désormais en position de force face à leur direction. Les résultats sont moins éclatants dans les autres bureaux, car la grève n’y est pas restée majoritaire. De son côté, la direction poursuit sa répression féroce contre les postiers. Trois représentants SUD sont toujours sous le coup de mesures disciplinaires. Une commission disciplinaire s’est prononcé en faveur du licenciement pour l’un d’eux, Gaël. Seize postiers, dont plusieurs représentants SUD et CGT ainsi qu’Olivier Besancenot, seront jugés en juin 2011 pour une prétendue séquestration2. Une telle répression se déclenche au moment où les plans d’austérité s’abattent sur la tête des salariés un peu partout en Europe. En France, les travailleurs subissent depuis des années une dégradation de leurs conditions de vie, mais la classe dirigeante s’apprête à passer à une nouvelle phase de l’offensive. Elle veut résoudre la crise en nous imposant un recul brutal. Jusqu’à maintenant, le patronat n’a pas réussi à briser la capacité de résistance des travailleurs et des jeunes, qui s’est exprimée ces dernières années lors des grandes mobilisations en 1995 et 2003, ou encore au moment du CPE et des grèves de 2009. Cette capacité de mobilisation est un obstacle de premier ordre pour les capitalistes, et briser les militants combatifs fait partie de leur feuille de route. Voilà pourquoi la bataille contre la répression fait partie de la lutte d’ensemble contre l’offensive capitaliste. À la duite des deux grèves longues et combatives des postiers des Hauts-de-Seine, les réorganisations sont beaucoup moins avancées dans le département qu’ailleurs en France. La direction cherche à reprendre l’avantage, et désormais, il ne s’agit plus de retarder les réorganisations mais d’infliger une véritable défaite à La Poste. Pour y arriver, il faudra à la fois s’appuyer sur le contexte de mobilisation sur les retraites à la rentrée, et en même temps utiliser l’acquis des grèves de 2009 et 2010. En 2009, la grève avait touché la majeure partie des bureaux et s’était structurée de manière plus efficace (avec des assemblées générales mais aussi un comité de grève). Il faut préparer une grève majoritaire dans les bureaux comme le mouvement actuel qui cherche à s’étendre sur tous les bureaux du département... et au-delà. Une bataille d’ampleur à la rentrée serait évidemment l’occasion de gagner sur les retraites, mais aussi de stopper les suppressions d’emplois et les réorganisations, et d’obtenir une réelle augmentation des salaires. La conclusion à laquelle ont d’ores et déjà abouti les grévistes au terme du mouvement, c’est qu’il y a nécessité de regrouper les résistances, de tisser des liens entre les équipes qui animent les nombreux conflits locaux à La Poste. Un blog va être lancé dans cet objectif par les grévistes. Xavier Guessou1. Lire Tout est à nous ! n° 622. Idem
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