Mardi 5 avril a commencé la discussion de la loi travail à l’Assemblée nationale. De nouvelles rencontres sont prévues entre le gouvernement et les « partenaires sociaux »... Dans les couloirs du Parlement, négociations et tractations entre parlementaires du PS et de la droite vont se multiplier pour tenter de trouver une majorité parlementaire pour voter une régression sociale condamnée par une majorité de la population.
Mais la vraie bataille se poursuit dans la rue. Nous étions plusieurs centaines de milliers, peut-être plus d’un million, à manifester jeudi 31 mars. La pluie et le vent n’ont pas découragé toutes celles et ceux qui voulaient crier haut et fort qu’ils/elles resteraient mobilisés jusqu’au retrait de la loi. La police elle-même reconnaissait que le nombre de manifestantEs avait doublé entre le 9 et le 31 mars. Et ce mardi, des milliers de jeunes ont encore manifesté dans de nombreuses villes.
Jeunesse révoltée, salariéEs en colère
En effet, ce sont en premier lieu les jeunes, lycéenNEs, étudiantEs, salariéEs venus des quartiers populaires, qui font entendre leur colère. Pour seule réponse, le gouvernement lâche sa police lors de chacune des manifestations... sans parvenir à décourager les cortèges jeunes, dynamiques, déterminés.
Ce 31 mars, le nombre de manifestantEs dans les cortèges de salariéEs du privé et du public avait également doublé par rapport au 9 mars. Des cortèges dans lesquels la CGT était la force principale, suivi par FO et Solidaires. Par contre, de grosses faiblesses du côté de la FSU, pendant que l’on relevait la présence de quelques équipes CFDT ou CFTC. Quelques cortèges (PSA, Renault, cheminotEs, secteur hospitalier, Goodyear) illustraient un début d’élargissement au-delà des équipes militantEs correspondant aussi à des arrêts de travail significatifs. Et partout, des manifestantEs déterminés, reprenant à la fois les mots d’ordre contre la loi travail et ceux dénonçant l’entièreté de la politique gouvernementale.
Une même globalisation que l’on retrouve à Paris dans les préoccupations des centaines de personnes qui se rassemblent chaque nuit, place de la République, depuis le 31 mars. Une ambiance festive avec de la musique, et des débats, des projections de films, et surtout beaucoup de débats. Tolérés jusqu’au matin et ensuite délogés à plusieurs reprises par la police, ces rassemblements ont assuré le maintien d’une présence médiatique de la lutte contre la loi travail.
Un gouvernement droit dans ses bottes
Face à la poursuite de la mobilisation, le gouvernement n’a qu’une réponse : partout une énorme présence policière, avec provocations, gazages, matraquages... Des dizaines de blesséEs, d’arrestations, en attendant les poursuites judiciaires. L’état d’urgence policier contre l’état d’urgence sociale. Les médias, si discrets sur les manifestations, étalent sur toute la largeur des premières pages et des écrans de prétendues violences des jeunes, tout en passant sous silence les provocations policières.
La répression, c’est bien tout ce qui reste à ce gouvernement pour faire passer cette loi, alors que Hollande est tombé à 15 % d’opinions favorables dans les sondages et Valls à 27 %. Un gouvernement qui, cyniquement, poursuit sa politique en faveur du patronat avec, au 1er avril, une nouvelle baisse des cotisations d’allocations familiales, qui portera en 2017 à 41 milliards d’euros les aides aux entreprises, dont 19 milliards d’euros pour le seul crédit d’impôt compétitivité emploi. Un gouvernement dont les seuls aménagements à la loi seraient de nouveaux cadeaux aux patrons...
Amplifier la mobilisation
Contre la loi travail, contre l’ensemble de la politique gouvernementale, la mobilisation doit se renforcer. La journée de ce samedi 9 avril, à l’appel des organisations de jeunesse et de l’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires, doit être une nouvelle occasion d’amplifier le mouvement. Nous devons convaincre toujours plus largement de la nécessité absolue de faire reculer le gouvernement. Si beaucoup de jeunes, de nombreuses équipes militantes, sont déjà convaincus des enjeux de la bataille et bien décidés à se battre « jusqu’au retrait », la grande masse des salariéEs doute de sa capacité à faire reculer le pouvoir. Des doutes qui viennent des échecs précédents, du climat entretenu par le gouvernement depuis les attentats, des atermoiements des directions syndicales nationales.
Nous devons continuer à argumenter, du Vieux Port de Marseille à la place de République à Paris, chez PSA comme chez les cheminotEs, que l’ancrage social du mouvement est la clef de la victoire. Convaincre que seules la grève, le blocage de l’économie, pourra l’imposer.
Le gouvernement a été contraint d’abandonner son projet de déchéance de la nationalité. Imposons le retrait de la loi travail.
Robert Pelletier