Publié le Vendredi 18 décembre 2009 à 18h50.

Le naufrage de pôle emploi

La fusion de l’ANPE et de l’Assedic aggrave encore la situation des chômeurs, dont le nombre ne cesse d’augmenterMalgré tous les discours sur la « sortie de crise », le chômage continue de progresser et touche 2,6 millions de personnes – soit plus 25 % en un an (pour la catégorie A, qui prend en compte celles qui ne travaillent pas du tout). Les prévisions indiquent un taux de 9,7 % pour le 4e trimestre 2009. Pas un secteur de la population n’échappe à cette augmentation, et le chômage de longue durée augmente aussi (+2,5 %) et concerne 1,2 million de personnes. Cette augmentation va, de fait, poser de façon aiguë la question des chômeurs arrivant en fin de droits et n’ayant ensuite plus que l’allocation de solidarité spécifique (ASS), s’ils en remplissent les conditions, ou le RSA. Cette hausse déjà importante le serait encore plus sans les divers dispositifs et manœuvres visant à rayer un maximum de chômeurs des listes de Pôle emploi : les sorties pour arrêt de recherche d’un emploi ont augmenté de 5,6 % et le nombre de radiations administratives de 4,9 % (40 000 personnes concernées). Dans l’écrasante majorité des cas, les radiations (et la suspension du revenu qui va avec) sont dues à des absences à une convocation…Plusieurs cas particuliers permettent aussi de ne pas comptabiliser les chômeurs, comme les entrées en formation (+ 7,9 %) ou les conventions de reclassement personnalisées (CRP). Enfin, le gouvernement joue sur l’augmentation des contrats aidés (+22 000 en un an) qui renforcent la précarité notamment dans l’Éducation nationale et les hôpitaux. En parallèle et sans surprise, les offres enregistrées par Pôle Emploi ont diminué de 8 % en un an. La situation économique est bien évidemment en partie responsable de ce chiffre, mais vient s’y ajouter une désorganisation totale due à la fusion ANPE-Assedic. L’argument officiel est de dire : « heureusement que la fusion se fait pendant la crise, sinon ce serait encore pire ». Au contraire, au-delà de l’objectif idéologique, la fusion en pleine crise du capitalisme a des conséquences catastrophiques.

Alors que Pôle Emploi va bientôt avoir un an, le bilan est un échec total. Des milliers de dossiers d’indemnisation, pour lesquels les personnels font des heures supplémentaires le samedi, sont en souffrance. Les chômeurs sont littéralement baladés d’un site à un autre sans jamais obtenir la bonne réponse, la plateforme téléphonique (3949) étant complètement saturée. Malgré cela, Sarkozy a décidé d’accélérer le calendrier  et la fusion doit être réalisée au 31 décembre…

Le but du gouvernement est d’afficher à tout prix une façade reluisante, peu importe ce qui se cache derrière. Des salariés s’étaient déjà suicidés en début d’année et on assiste à une nouvelle vague de tentatives de suicide de salariés en Île-de-France et en Paca, ainsi que celle d’un chômeur en Mayenne. Face à une situation qui commence à ressembler à celle de France Télécom, Laurent Wauquiez, secrétaire d’État à l’Emploi, nous refait le coup du questionnaire pour nous interroger sur nos conditions de travail. Quelle mascarade ! Le gouvernement les connaît parfaitement, mais refuse de répondre aux revendications. Beaucoup de salariés sont tellement écœurés de ce qu’on leur impose de faire qu’ils n’ont pas envie de se battre. Mais le ras-le-bol est tel que certaines agences se mettent en grève spontanément sans attendre les consignes des directions syndicales (six agences en grève entre le 7 et le 17 décembre en Île-de-France).

Du côté de la justice aussi, la direction de Pôle Emploi est désavouée : un jugement du TGI de Bobigny vient de lui ordonner de reprendre l’information du comité d’entreprise concernant la mise en place de sites « mixtes » avec paiement d’une astreinte de 1 000 euros par jour et par document manquant.

Dans le cadre du collectif « droits nouveaux », une plateforme commune salariés Pôle Emploi-chômeurs se discute. Elle est destinée à être diffusée largement pour afficher les intérêts communs face à ce gouvernement. Lucas Maldini