Publié le Samedi 22 mai 2010 à 12h36.

Le scandale national du bitume....

Pour la première fois, la justice vient de rendre un jugement contre une entreprise pour « faute inexcusable » concernant l’utilisation du bitume. Eurovia, filiale du groupe Vinci, a été jugée responsable de la mort d’un de ses salariés victime d’un cancer de la peau dû à l’exposition au bitume. Le jugement du tribunal de Bourg-en-Bresse (Ain) a eu l’effet d’une bombe car il pourrait faire jurisprudence et le patronat, par le biais de l’Union des syndicats de l’industrie routière française, a déclaré « sa totale incompréhension ». Les dangers du bitume ont pourtant été signalés par des scientifiques depuis 2003. Il est hautement toxique et cancérigène par ses fumées chaudes ou au contact de la peau. Contrairement à la France, de nombreux pays européens reconnaissent le cancer de la peau à la suite de l’utilisation du bitume comme une maladie professionnelle. En France, des dizaines de milliers de personnes, travaillant dans des entreprises ou des collectivités territoriales, sont directement au contact du bitume, dans le cadre de travaux de revêtement de chaussée ou de bâtiment. Les consignes minimales de sécurité sont loin d’être respectées, notamment en ce qui concerne les tenues entièrement recouvrantes. Les entreprises préfèrent utiliser des bitumes posés à chaud (200°C) plutôt que des bitumes tièdes ou froids, moins dangereux mais plus chers. Tout comme dans le cas de l’amiante, les maladies liées à l’exposition aux « produits noirs » (bitume, goudron, asphalte) apparaîtront des dizaines d’années après l’exposition. En France, 3 000 personnes meurent chaque année des suites de l’exposition à l’amiante et il est prévu 100 000 décès d’ici 2025. Son caractère dangereux a été reconnu dans les années 1950 mais elle a pourtant continué à être utilisée massivement car elle ne coûtait pas cher. Il a fallu attendre 1997 pour qu’elle soit interdite. En sera-t-il de même pour le bitume ? Il faut exiger une réglementation qui interdise de prendre le moindre risque pour la santé des travailleurs de la route, quitte à interdire l’usage du bitume comme cela a déjà été fait aux États-Unis depuis 1976.