Retour sur la mobilisation anti-enfouissement de déchets nucléaires à Bure, en Meuse. Pour cette « manif du futur » du samedi 20 septembre, l’État avait tout fait pour que le pire soit à craindre. Pour contrer la mobilisation, le préfet avait même déclaré : « visiblement, les organisateurEs locaux n’ont plus la main ». Mais cette stratégie de tension n’a pas fonctionné : la mobilisation a été une réussite.
Le Républicain lorrain a annoncé « environ 1 500 manifestantEs ». Des bus sont venus de Nantes, Paris, Lyon. Du monde depuis l’Alsace plus proche mais aussi d’Allemagne, de Belgique, de Suisse. Le collectif local « Bure stop », avec sa longue expérience d’accueil — un vrai repas et même un goûter à l’arrivée à Bure — et d’animation militante, a assuré, et la météo était favorable.
Cortège mélangé, jeune, haut en couleurs… noir aussi
Les associations écologistes ont bien sûr largement mobilisé (Attac également), défilant au son de deux chorales et d’une super fanfare parisienne, au milieu de marionnettes géantes dont « l’hydre Nestlé ». LFI était présente avec Mathilde Panot, Les Écologistes avec Sandrine Rousseau et les militantEs du NPA-l’Anticapitaliste ont bien tenu leurs drapeaux… Côté syndical, seuls Solidaires et la Confédération paysanne étaient là. Si tous les âges étaient au rendez-vous, c’est bien la jeunesse, et en particulier de nombreuses jeunes femmes, qui était le trait marquant de la manif, avec tout son dynamisme. Un cortège conséquent s’est constitué à l’arrière de la manif, en noir.
Question de stratégie : le nombre, blocage et sabotage
Comment faire, face à la « société nucléaire, société totalitaire », slogan repris tout du long ? Comment faire, face aux blindés — au moins deux à Bure —, au déploiement disproportionné de gardes mobiles, au déversement de gaz lacrymogènes, sous les drones et hélicos ? Alors que les travaux vont commencer après tous ces débats truqués, les mensonges de l’ANDRA (l’organisme public qui pilote le projet d’enfouissement), la corruption des collectivités par subventions publiques, l’action d’empêchement, sous toutes ses formes, doit être discutée collectivement. Faire nombre sera toujours déterminant mais se révèle insuffisant. Le blocage est à l’ordre du jour. C’est ce qu’a clairement dit Régine de Bure stop, lorsque, sous le vent, les lacrymos ont atteint le cortège principal : « on bouge, on avance, on reste en cortège, ensemble on est fortEs, les jeunes qui tentent de se rapprocher du labo de l’ANDRA ont pris leurs dispositions pour se protéger ».
« Le nucléaire va ruiner la France »1
Parmi toutes les manières d’aborder la question du nucléaire et de l’enfouissement des déchets, l’angle d’attaque du coût est plus pertinent que jamais : on nous rebat les oreilles avec les 44 milliards d’euros de restrictions budgétaires alors que le chantier de Bure est estimé entre 26 et 37 milliards ! Quand on sait que ce chantier va avec une relance généralisée de toute la filière nucléaire avec six EPR2, il est plus que temps de dire haut et fort : « Arrêt du nucléaire et Stop Bure ! »
La commission écologie
- 1. titre du livre de Laure Noualhat, éd. Seuil/Reporterre, mai 2025, 13,50 €, 215 p.