Publié le Mercredi 1 février 2012 à 19h45.

Les retraites au cœur du débat

Philippe Poutou et le NPA étaient invités, avec toutes les organisations qui avaient participé aux mobilisations de 2010 contre la réforme de Sarkozy-Fillon, au meeting CGT sur les retraites au Zénith. Plusieurs semaines de préparation ont permis à la CGT de réunir au Zénith de Paris, 6 000 militantEs particulièrement remontéEs contre le gouvernement.

Par cette démonstration, la CGT veut affirmer clairement sa posture anti-Sarkozy. Après une attitude frisant la neutralité au début du quinquennat, la mobilisation sur la contre-réforme des retraites a imposé ce changement de positionnement.

En 1991, Michel Rocard prévoyait que cette question était susceptible de faire tomber plusieurs gouvernements, et si, dès 1995, cette prédiction se vérifiait, il s’agit aujourd’hui de faire chuter un candidat à la présidence de la République. La question des retraites structure depuis des années les rapports de forces entre les différents gouvernements et le salariat. En 2010, le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, affirmait qu’il s’agissait de « la mère » de toutes les réformes. Malgré l’incapacité du mouvement de mobilisation à faire reculer le gouvernement, celle-ci a été une défaite idéologique pour le pouvoir. La contre-réforme a été perçue comme injuste voire injustifiée, et le gouvernement a été discrédité et même délégitimé.

Mais depuis, l’approfondissement de la crise économique est passé sur ces ressentis. Aujourd’hui, la bataille politique est engagée sur la nécessité des efforts que chacun doit faire pour sortir de la crise. Dans ce débat, la question des retraites reste un enjeu essentiel. L’âge de départ à la retraite qui détermine le temps de travail rapporté à l’ensemble d’une vie de salariéE, est un paramètre fondamental dans le temps d’exploitation de la force de travail. C’est en ce sens que le niveau des retraites et des pensions est une partie essentielle du salaire socialisé, c’est-à-dire d’une partie de la richesse produite par notre travail. Cet enjeu, avec les temps de travail hebdomadaire et annuel, sont des points essentiels du contrat social d’un pays, assis sur une histoire et le rapport de forces de la période. C’est ainsi que l’abaissement de l’âge de départ à la retraite à 60 ans par le gouvernement d’union de la gauche en 1981 reste une des mesures emblématiques, marqueur de la volonté des forces politiques qui l’animait d’avoir une politique sociale différente de la droite.

Les multiples hésitations et reculs des responsables du Parti socialiste d’aujourd’hui, illustrent bien l’importance récurrente de cet enjeu.

Bien sûr, un meeting ne permettra pas de faire reculer le gouvernement. Il faudra reprendre le chemin des grèves et des manifestations pour revenir sur les mesures particulièrement injustes de la contre-réforme. Dans notre campagne, nous rappelons d’abord nos revendications : départ à 60 ans et 55 ans pour les salariéEs soumis à une pénibilité particulière, 37,5 annuités de cotisation intégrant notamment les temps de formation, 75 % du salaire net pour une pension calculée sur la moyenne des dix meilleures années dans le privé et l’indexation sur l’évolution des salaires avec un minima égal au Smic. Parallèlement, nous réaffirmons la possibilité du financement de ces revendications en s’attaquant au profit, notamment en supprimant toutes les exonérations de cotisations sociales et en créant les millions d’emplois qui permettraient d’alimenter les caisses des organismes de retraite. Mais, là comme ailleurs, il ne suffira pas de chasser Sarkozy par les urnes pour imposer nos revendications. C’est dès maintenant que nous devons construire la mobilisation pour les imposer, quels que soient les résultats électoraux.

Robert Pelletier