Publié le Jeudi 14 avril 2016 à 13h47.

Loi travail : L’indispensable second souffle

Un mois après la première manifestation du 9 mars, nous étions des dizaines de milliers dans la rue samedi dernier.

Certes le démarrage des vacances scolaires avait éclairci les rangs des cortèges jeunes. Certes les tergiversations des directions syndicales nationales, dont le choix de ce samedi, ont semé le doute dans l’esprit de nombreux salariéEs sur la pertinence du calendrier. Mais la détermination des jeunes reste forte, comme celle des équipes syndicales convaincues qu’il est possible de faire reculer le gouvernement. La poursuite place de la République de la mobilisation « Nuit debout » et son extension en régions attestent de la disponibilité de milliers de personnes, pour le débat mais aussi pour des actions affirmant une volonté de convergence avec la mobilisation sur la loi travail.

À la veille de l’ouverture du débat au Parlement, le gouvernement est placé devant une double obligation : trouver une majorité et démobiliser la rue et les places. Côté Parlement, la principale modification issue de la commission des affaires sociales consiste à faciliter les modalités des licenciements économiques dans les PME. Côté rue, face à la poursuite du mouvement, le gouvernement a tenté une opération déminage en direction de la jeunesse ou plutôt en direction des organisations syndicales qui assurent sa représentation. L’objectif est de briser les mobilisations en cours tant du côté des manifestations, auxquelles les jeunes fournissent les cortèges les plus dynamiques, que du côté des places sur lesquelles se retrouvent avant tout toutes les fractions de la jeunesse : lycéenne, étudiante, travailleuse, sans emploi...

Valls aux jeunes : « il ne s’agit pas de modifier ou de faire évoluer la loi travail »

La période de congés scolaires semblait idéale pour appâter les organisations syndicales avec quelques prétendues concessions. La première mesure consiste en une obligation de surtaxer les CDD dont la mise en œuvre relève des « partenaires sociaux » dans le cadre d’un accord sur l’assurance chômage. Pour compléter la « garantie jeunes » pour les 16-25 ans peu ou pas diplômés, les boursiers continueront à toucher leur bourse pendant quatre mois après leur diplôme. Et d’autres mesures encore moins significatives : une « garantie locative universelle » de l’État pour les moins de 30 ans souhaitant louer un logement ; le versement aux dispenséEs des droits d’inscription à l’université de 1000 euros par an ; une couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) pour les jeunes en rupture avec leur famille ; l’augmentation de 300 à 400 euros par an de la rémunération des apprentis de moins de 20 ans ; la création de deux mille places en sections de techniciens supérieurs par an pendant cinq ans.

Ces annonces minimalistes ont contenté le syndicat étudiant de droite, la Fage. Le président de l’Unef se dit « satisfait (…). Nous avons franchi un cap important, nous avons réussi à obtenir satisfaction sur des revendications » : il risque d’inciter à la démobilisation même s’il continue à exiger le retrait de la loi travail et s’affirme solidaire des prochaines mobilisations dont celle du jeudi 28 avril.

Le prochain congrès de la CGT (16-22 avril), les mobilisations des cheminotEs prévues à partir du 26 avril, la poursuite et l’extension des « Nuits debout », autant de possibilités pour la mobilisation de trouver un second souffle. Le blocage de l’activité économique reste un point de passage obligé que doivent mettre à l’ordre du jour tant celles et ceux des places que les salariéEs.

Robert Pelletier