Publié le Samedi 10 mars 2012 à 22h44.

Manif du 29 février : l’obligation de faire mieux

L’opinion la plus largement partagée est que ce fut plutôt mieux qu’on ne le pensait. C’est l’un des rares points positifs de la journée de mobilisation organisée par la Confédération européenne des syndicats (CES) mercredi 29 février. Bien sûr c’était la première fois que la CES appelait à une mobilisation européenne contre un projet de traité européen.

Ce traité,  signé le jeudi suivant lors du Conseil européen à Bruxelles « sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’union économique et monétaire », prône une austérité sans faille. L’inscription de la règle d’or dans chaque législation nationale interdit les budgets qui présentent un déficit structurel supérieur à 0,5 %. Il s’agit d’étrangler les dépenses sociales et l’investissement public, de réduire au maximum les déficits publics quels qu’en soient les impacts sociaux. Déjà, à la fin de l’année dernière, l’Union européenne comptait près de 25 millions de chômeurEs, soit un taux de chômage, de 10,1 %. Un record historique. Par catégories sociales, les chiffres sont accablants pour les jeunes et les femmes. Le taux de chômage des moins de 25 ans se situait à 22,4 % fin janvier contre 22,2 % fin décembre, dans l’Union européenne. Au total, 5,5 millions de jeunes EuropéenNEs, dont 3,3 millions dans la zone euro, étaient sans emploi.

Les manifestations ont regroupé peu de manifestantEs de Bruxelles à Athènes. Les divisions syndicales en France (la CFDT, absente de la manifestation de Paris, s’inquiétait d’une  « mobilisation à caractère politique sur les enjeux nationaux ») ou en Italie, la perte de crédibilité des directions syndicales qui ont soutenu les politiques d’austérité en Espagne ou en Grèce expliquent en partie cette faible mobilisation. À Paris, comme dans les régions de France, il y avait un cortège CGT des petites journées où même les équipes militantes se sont faiblement mobilisées et une présence plus dynamique de Solidaires.

L’autre point positif est la multiplication des marques de sympathie envers Philippe Poutou. Serrages de mains, remerciements et félicitations à la suite des derniers passages chez Ruquier et à Mots croisés et le soutien apporté aux luttes, poses pour photos et signatures du livre Un ouvrier, c’est là pour fermer sa gueule ! Autant de signes du gain de visibilité du candidat du NPA. D’autant plus notable que les équipes militantes CGT présentes sont très largement sensibles à la campagne de Jean-Luc Mélenchon.

Bien sûr, cette première étape, malgré ses limites, montre les voies, européenne, internationale, que doivent emprunter les mobilisations. L’étape suivante serait évidemment que les appels répétés de Philippe à une réelle coordination des mobilisations, notamment sur l’emploi et contre les licenciements, soit mis à l’ordre du jour des équipes et des directions syndicales.

Robert Pelletier