Publié le Mercredi 28 novembre 2018 à 11h13.

Manifestons le 1er décembre contre la casse de l’assurance chômage et du service public de l’emploi !

Mardi 20 novembre, les salariéEs de Pôle emploi étaient appelés à la grève. L’ensemble de la presse a souligné l’étendue de la mobilisation, à l’instar du Monde : « De mémoire de syndicaliste, Pôle emploi n’avait pas connu une grève d’une telle ampleur depuis sa création, il y a une dizaine d’années ». Il faut dire que la situation est explosive… 

Entre 30 % et 35 % des agentEs étaient en grève au niveau national le 20 novembre, avec des taux approchant les 45 %, voire 50 % dans certaines régions comme l’Occitanie. À Paris, en l’absence de volonté des organisations nationales, l’intersyndicale IDF avait organisé une manifestation en direction du ministère du Travail, réunissant environ 250 personnes. 

Refus des suppressions de postes

Le rassemblement a aussi été l’occasion de donner la parole à d’autres secteurs : inspection du travail, missions locales, AFPA (mobilisés contre le PSE qui prévoit la suppression de près de 2 000 postes et la fermeture de 38 centres), postiers du 92. Auparavant, dans le cadre du « collectif Unedic » réunissant CGT, FSU, SUD et les associations de chômeurEs, une cinquantaine de personnes avaient envahi le « LAB », structure rattachée à la direction générale de Pôle emploi, qui organisait ce jour-là une journée « portes ouvertes » dans le cadre de la « semaine de l’innovation publique » sur le thème de « l’innovation à Pôle emploi ». 

La revendication principale concerne le refus des suppressions de 800 emplois (en équivalents temps plein) programmées dans le projet de loi de finances 2019. Des suppressions qui s’ajoutent aux près de 300 postes qui ont déjà disparu. Le tout dans un contexte d’augmentation de la charge de travail avec l’extension de l’assurance chômage à de nouveaux publics (travailleurEs indépendants, salariéEs démissionnaires avec un « projet professionnel »), et la mise en place du PIC (« plan investissement compétences » ) qui vise à former 2 millions de personnes. Plus encore : Pôle emploi doit atteindre des objectifs toujours plus élevés, par exemple la réduction des délais de prise en charge en faisant passer le délai pour le premier entretien de 3 semaines à 2 semaines.

« Efficacité » et « productivité »

Sauf que la charge de travail est déjà impossible à tenir, le ministère considérant que la numérisation des activités (bulletins de ­salaire, attestations employeurs…) permettait de faire des gains de « productivité » et d’absorber les baisses d’effectifs : « L’optimisation des plateformes de support et la digitalisation de l’accompagnement des demandeurs d’emploi permettent de repositionner plus de 3 000 agents pour l’accompagnement, ce qui représente un effort de 30 % supplémentaires » dixit Muriel Pénicaud. Sans commentaire !

Pour la ministre, les « ressources globales » de Pôle emploi « sont en augmentation […] de plus de 100 millions d’euros » en 2019, pour un budget qui « dépasse 5 milliards ». Et elle fait valoir que les 800 postes supprimés « doivent être mis en perspective avec les 56 000 autres », affectés à Pôle emploi. D’après la ministre, ce service public peut être plus « efficace » et accroître sa « productivité », grâce en particulier à la « numérisation »

Des représentants de l’intersyndicale ont été reçus, le jour de la grève, par un conseiller de Muriel Pénicaud : une rencontre qui n’a bien sûr rien donné. Un nouveau rendez-vous, entre les représentants des personnels et le ministère du Travail, devrait être fixé dans les prochains jours.

Mais alors que la mobilisation a été forte, la seule perspective de l’intersyndicale nationale est d’aller discuter avec les parlementaires pour peser sur le projet de loi de finances ! Aucune perspective d’action, ne serait-ce que pour agir avec les salariéEs de l’AFPA qui dépendent aussi du ministère du Travail et qui appellent à une grève et manifestation le 6 décembre.

ChômeurEs mobilisés

Le 20 novembre, les associations de chômeurEs étaient elles aussi présentes au côté des agents de Pôle emploi. Rappelons le contexte : suite au vote de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », la convention assurance chômage est en cours de « renégociation », alors que la précédente (avril 2017) est encore en vigueur. Objectif annoncé dans le « document de cadrage » adressé aux « partenaires sociaux » : « le régime d’assurance chômage doit accélérer son désendettement ». Il est ainsi demandé entre 3 et 4 milliards d’euros d’économie sur 3 ans. Pas besoin de beaucoup d’imagination pour deviner qui va payer…

Conséquence : c’est l’architecture même du système d’indemnisation qui va être revue. En effet, la suppression des cotisations salariales et leur remplacement par la CSG ouvre la porte à un forfait minimal géré par l’État. 

Dans ce contexte, si la division des associations de chômeurEs pour la traditionnelle manifestation annuelle est problématique, d’autant qu’elle est davantage due à des raisons de pratiques qu’à des désaccords de fond, la journée du 1er décembre n’en est pas moins importante : la CGT chômeurs appelle à un rassemblement (12 h) et à une manifestation (14 h) à République, et l’APEIS et le MNCP donnent rendez-vous pour une action (13 h 45 à Opéra). Mobilisation ! 

Correspondant