Publié le Jeudi 8 mars 2012 à 10h13.

Michelin triche sur les AT-MP : la fausse découverte.

Rappelons-nous les campagnes du gouvernement contre les salariéEs coupables de fraudes à la Sécu et notamment aux arrêts de travail. Elles ont justifié l’imposition des indemnités journalières, leur plafonnement et la création d’un jour de carence dans la fonction publique. La tricherie en matière sociale est évaluée à 458 millions d’euros en 2010, dont 266 millions d’euros pour les fraudes aux prestations et 185 millions pour le travail non déclaré. Mais c’est bien loin de la principale source de fraude constitué par le travail au noir. Selon l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), le manque à gagner pour la Sécurité sociale en termes de cotisations, se situerait entre 13,5 et 15,8 milliards d’euros par an. Alors la « découverte » de la tricherie de Michelin pour sous-déclaration des accidents du travail n’étonne personne. Le coût en est évalué entre 587 millions et 1,1 milliard d’euros par an (maladies professionnelles comprises) par la commission chargée de ce suivi. Michelin comptabiliserait quinze fois moins d’accidents de travail que la moyenne. L’enquête ouverte par le tribunal de Clermont-Ferrand intervient à la suite de la convocation d’un salarié par la police. Les forces de l’ordre souhaitaient l’interroger sur la base d’un rapport de l’inspection du travail. Il y a quelques mois Renault avait déjà, de la même façon, été mis en accusation pour camouflage des arrêts de travail et pressions multiples pour inciter les salariés à ne pas déclarer les accidents du travail. Au total la branche concernée de la Sécurité sociale est bénéficiaire en grande partie parce que la branche maladie prend en charge les maladies et accidents professionnels non déclarés, ce qui la rend, elle, déficitaire. Avec l’intensification du travail et la fragilisation de la médecine du travail, la santé des salariéEs risque encore de se dégrader. La tricherie organisée par le patronat ne suffira pas à le masquer.