En 2017, la politique de casse du service public rendu par les agents du ministère du Travail continue. Mais une mobilisation contre les suppressions de postes démarre avec des actions locales un peu partout en France, comme à Pontoise la semaine dernière.
Au niveau national, les effectifs du ministère ont baissé de près de 20 % (– 1 843 postes) en 10 ans. Tous les services sont touchés par la multiplication des postes vacants et des situations de surcharge de travail. Très concrètement, cela signifie par exemple pour les usagers qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir un rendez-vous avec le service de renseignements en droit du travail de son département. Ainsi, dans le 93, il y a seulement 8 agents pour renseigner les 506 000 salariéEs du département. De plus, partout en France, des sites de proximité ferment ou sont menacés de fermeture. C’est le cas notamment des sites de Maubeuge et Cambrai. Bref, avec moins d’agents, le résultat c’est forcément moins de service public et des salariéEs moins protégés.
Ce « plan social » continue dans toute la France. Au mois d’avril, ça a été le tour de la direction d’Île-de-France d’annoncer à ses agents la suppression de 49 postes supplémentaires en 2017, soit encore 10 % des effectifs de contrôle au niveau régional.
Face aux suppressions de poste, une mobilisation nationale est en cours de construction. Une intersyndicale très large, allant de la CFDT à la CNT, a vu le jour. Un peu partout, les agents du ministère se mobilisent pour faire connaître la situation dramatique de leurs services.
À Pontoise (95), faire barrage aux suppressions de postes !
Mardi 2 mai, l’ambiance était militante et animée devant l’Unité départementale du Val-d’Oise ! « On n’est pas encore résignés, ici, malgré les attaques de plus en plus féroces contre le corps de l’inspection du travail ! Nos services sont en réorganisation permanente depuis la réforme du "Ministère fort" en 2014 qui a conduit à la suppression de 10 % de nos effectifs en à peine 3 ans », affirme une inspectrice, qui tient encore « debout ! ». Une cinquantaine d’agentEs, des services de l’inspection, des renseignements, de l’emploi, étaient rassemblés devant la DIRECCTE du 95, pour protester contre l’annonce du nouveau plan de suppressions de postes.
Ce matin-là, c’est à la petite buvette installée pour l’occasion que les agents ont donc accueilli les usagers qui se rendaient dans les locaux de l’inspection du travail. Des silhouettes en PVC noir étaient disposées sur les marches qui mènent de la rue au parvis de la DIRECCTE, symbolisant les 16 postes supprimés ces 6 dernières années au sein d’une unité qui ne compte désormais plus que 108 fonctionnaires pour tout le département.
« Moins d’agents publics, c’est moins de service public et c’est bientôt plus personne pour vous renseigner sur vos droits et faire appliquer le code du travail par les entreprises », explique un agent à un salarié d’Argenteuil.
L’intersyndicale CGT-SUD-FSU locale diffuse ses tracts pour la défense du service public. Elle compte continuer à mobiliser le maximum de collègues, dans ce contexte où le candidat à la présidentielle (désormais élu président) assure qu’il compte avoir recours aux ordonnances, comme pour sa réforme du droit du travail, pour faire adopter au Parlement sa proposition de « droit à l’erreur » en faveur des entreprises, face aux contrôles de l’inspection du travail… « Après les postes, ce sont les missions des agents de contrôle qui sont directement menacées », confie une agente syndiquée à la CGT.
Partout en France, les agentEs du ministère du Travail préparent également des actions et rassemblements devant leurs locaux, en ce mois de mai qui s’annonce sportif. L’intersyndicale nationale appelle à une journée d’actions décentralisées partout en France le 18 mai. Ce sera le premier jalon d’une lutte qui devra nécessairement s’amplifier et se joindre à celles d’autres services publics et d’autres secteurs, tous concernés par l’intensification du travail et les plans de licenciements.
Comité inspection du travail Île-de-France