Publié le Vendredi 12 janvier 2024 à 17h00.

Mont-Saint-Michel : la grève !

Décidément, ils ne respectent rien ! Depuis plusieurs semaines, l’accès à « la merveille » est affecté par la grève reconductible des travailleurEs du Mont. Celles et ceux qui doivent en permettre la visite, qui assurent la billetterie, les « petites mains » du Mont-Saint-Michel, ont dit « ça suffit » !

Chaque jour, par milliers, chaque année par millions, les visiteurEs se pressent aux portes du Mont-Saint-Michel pour visiter la « merveille ». Pour celles et ceux qui y viennent une fois, la montée des marches est au pire un mauvais moment à passer, au mieux un souvenir familial partagé. Le froid, l’humidité, les courants d’air permanents, de petits inconvénients passagers, que l’on oublie devant un chocolat chaud — qui par ailleurs coûte un bras ! Eh oui, de l’argent, il y en a qui ruisselle, sous les pavés de la ruelle qui mène à l’abbaye !

TravailleurEs, au Mont !

Dans ce cadre divin, le diable est dans les détails ! C’est que, pour les travailleurEs du Mont, les 350 marches, c’est le pain quotidien. « En plus, nous, on n’arrête pas, nous dit Herminia, gréviste de la CGT, alors c’est 1 500 à 2 000 marches par jour ! » Le matin à l’ouverture, il leur faut les avaler à toute vitesse car les horaires de la navette qui leur est dédiée ne leur laisse pas suffisamment de temps, et il faut foncer pour aller ouvrir !

Le petit vent glacial et l’humidité ambiante font le reste pour créer des problèmes pulmonaires et musculo-squelettiques qui sont le lot des employéEs du Mont. On appelle ça la pénibilité du travail, et la beauté du site, la magnificence des paysages n’y changent rien, c’est à l’employeur — ici, le Centre des monuments nationaux, qui gère une centaine de sites — de la prendre en charge, en aménageant le travail et en le rémunérant ! « Mais comme ils sont loin de nous, insiste Herminia ! De Paris, ils ne se rendent pas compte de la réalité de notre travail. Quand on parle avec eux, ils ne comprennent pas ! »

Grève reconduite

C’est ce que réclament les grévistes dans un communiqué intersyndical (CGT, CFDT, Sud) : « Depuis le 26 décembre les agents de l’abbaye du Mont-Saint-Michel se mobilisent pour des créations de postes en CDI, leurs conditions de travail, les conditions d’accueil du public et la reconnaissance financière de leur expertise. Les négociations préalables avec la direction n’ayant pas permis d’avancées significatives les agents ont donc décidé de se mettre en grève reconductible jusqu’à nouvel ordre »

Les grévistes, une quinzaine, soit la moitié des 30 employéEs (et la presse l’a souligné, les non-grévistes... soutiennent le mouvement !) attendus chaque jour sur le site, se retrouvent chaque matin au cours d’assemblées générales qui décident de la conduite de la lutte. La séance de négociations du 3 janvier n’ayant pas abouti, l’AG du samedi 6 janvier a reconduit la grève. L’accès au Mont-Saint-Michel reste possible, mais à des horaires réduits, et le plus souvent gratuit.