Publié le Mercredi 29 septembre 2010 à 15h09.

Pas de pause contre la Sécu

Outre  la contre-réforme des retraites, le gouvernement continue de démanteler l’assurance maladie. ce n’est pas parce que la principale attaque est dirigée sur les retraites, que les autres secteurs de la protection sociale sont épargnés. Sarkozy s’est donné une tâche historique, détruire pierre par pierre, les acquis sociaux collectifs gagnés par la classe ouvrière, au prix de luttes et parfois de morts. Il faut en finir avec le compromis du Conseil national de la Résistance entre gaullistes et communistes, a dit Kessler, porte-voix du Medef. Par certains côtés, on peut même dire qu’il s’agit d’un retour à la situation d’avant 1930. C’est dire la portée historique des mesures réactionnaires contre la population laborieuse, les familles ouvrières, les femmes, la jeunesse. Il s’agit pour le patronat de diminuer la masse globale des salaires en s’attaquant frontalement à la part socialisée des salaires, condition nécessaire à l’accumulation du capital dans une économie concurrentielle et, politiquement, de briser les sécurités collectives des travailleurs qui leur permettent d’être moins vulnérables à la dictature patronale. Avec en prime le passage de la Sécurité sociale aux assurances privées. Manne juteuse s’il en est. Quel avenir radieux que d’offrir aux jeunes une retraite chichiteuse à 67 ans, si aucune mobilisation de grande ampleur ne vient mettre un terme à ce massacre.L’allongement de la durée de vie devrait entraîner une durée de cotisation plus longue. Mais va-t-on continuer de vivre plus longtemps ? Et dans quel état de santé ? La question est sérieuse pour les couches les plus fragiles du salariat. On connaît déjà les écarts d’espérance de vie et de morbidité entre catégories socio­professionnelles. Les mesures envisagées contre l’Assurance maladie vont rendre l’accès aux soins encore plus difficiles pour certainEs. Déjà 16,5 % des 18-64 ans et 27 % des chômeurs selon une enquête1 renoncent à des soins pour raisons financières. La même enquête note que « plus l’état de santé général est mauvais, plus le risque de renoncer à des soins augmente, et ce dans des proportions très importantes ». Sauf à pouvoir se payer une mutuelle ou une assurance complémentaire, c’est-à-dire payer les frais de santé à la place du salaire socialisé payé par les patrons. Le projet gouvernemental prévoit plusieurs mesures pénalisantes pour les salariés. Les médicaments remboursés à 35 % ne le seront plus qu’à 30%. Ce sont ceux traitant d’affections dites sans gravité ou « de service médical modéré » soit plus du quart des médicaments prescrits et moins de 8 % des remboursements. Mais qu’est-ce qui est grave ? Une affection bénigne non soignée ne peut-elle pas devenir grave ? Le gouvernement table cyniquement sur une augmentation des médicaments remboursés de seulement 2 %. Le reste sera pour notre porte-monnaie. Une augmentation du ticket modérateur de 30 % à 30,5 % est prévue pour la médecine de ville. À l’hôpital, celui-ci qui est de 20 % pour des actes inférieurs à 91 euros, s’appliquera jusqu’à 120 euros. Et les médecins seront de plus en plus contrôlés pour limiter certaines prescriptions.À cela va s’ajouter une attaque en règle contre les services aux personnes âgées dépendantes.Ces restrictions sont appelées pudiquement « poursuivre l’ajustement des dépenses ». Le rapport de la députée Rosso-Debord2 énonce dix-sept propositions sur lesquelles le gouvernement devait se prononcer le 28 septembre. Citons en vrac le contrôle électronique du temps passé par les intervenants auprès des personnes âgées « pour optimiser les dépenses de personnel », un plafond des dépenses de santé pour les établissements, la maîtrise des dépenses médicamenteuses, l’obligation dès l’âge de 50 ans, de souscrire une assurance privée perte d’autonomie, l’augmentation de la CSG des retraités à 7,5 %, la réduction du nombre de bénéficiaires de l’aide personnalisée autonomie. Un programme de société, brutal pour les faibles et bienveillant pour les patrons et les financiers. Autant de raisons de mettre un coup d’arrêt aux politiques meurtrières d’un gouvernement illégitime. Une victoire sur les retraites donnerait des forces pour faire capoter ces projets réactionnaires. Daniel Desmé1. Irdes. Enquête santé protection sociale 2008.2. Rapport Mme Rosso-Debord du 23 juin 2010.