Publié le Dimanche 25 mars 2012 à 19h06.

« Plus que jamais des indignés, pas des résignés ! »

Table ronde avec Georges Marto, Roland Leboucher, Thierry Philippot, Jean-Yves Lemahieu, Thierry Hamelin et Christian Vallée, militants de la CGT M-real.Quelle est la situation aujourd’hui ?Roland : M-real va fermer. Après quatre ans de lutte pied à pied contre le dépeçage progressif  de notre usine, les lettre de licenciement vont tomber le 2 avril.Georges : Comme on s’est bien battus, on a obtenu un PSE avec des congés de reclassement et indemnités de bon niveau (90 000 euros de prime additionnelle en moyenne pour 20 ans d’ancienneté), et l’accord pour qu’un repreneur puisse produire du papier, ce dont M-real ne voulait pas du tout au départ. Du coup on s’est retrouvés devant un drôle de choix. Soit accepter le PSE, soit tenter de le faire invalider dans l’objectif d’obtenir mieux, mais en prenant aussi le risque de se retrouver sans rien. Il y a eu 98 % pour la première option. Le 30 mars, on termine par un grand banquet. Jean-Yves : Le combat continue pour le redémarrage le plus vite possible. Deux repreneurs sérieux sont encore là. L’un d’eux veut aussi redémarrer l’usine de pâte fermée en juin 2010 et produire de l’agrocarburant à partir de la biomasse, avec raffinage chez Pétroplus à hauteur de 20 % de sa capacité.  Une quinzaine de personnes restent pour la maintenance et pour préparer la réindustrialisation. Georges : Rien n’est assuré. Ainsi la préfecture se contenterait bien d’un port fluvial et d’une base de transbordement. Mais pour nous, pas question de renoncer à de l’activité transformatrice de matière. Christian : Si nous en sommes là, c’est parce que nous n’avons rien lâché. Ce n’est pas gagné, mais si ça redémarre, il faudra bien reprendre les gars, vu le niveau de technicité, mais avec perte des avantages acquis. Jean-Yves : Il faut revenir sur les étapes de notre combat : nous avons d’abord cherché à rassembler autour de nous autour de la revendication : « interdiction des licenciements chez M-real comme ailleurs », malheureusement sans succès. Puis, avec le militant de la CFE-CGC, nous avons lancé le « collectif pour le maintien et le développement de l’emploi chez M-real ». EÉLV, le NPA, le PCF, le PS y ont collaboré avec les élus des communes environnantes. C’est comme ça que la mayonnaise a pris. L’un des plus beaux moments, c’est ce samedi où nous avons remis nous-mêmes en route la production et que 2 500 personnes sont venues.Thierry H. : Nous ne pouvions pas mieux faire, mais il est intolérable qu’une usine puisse fermer parce que des actionnaires ont décidé que c’est bon pour leurs profits, au mépris de la vie et de l’avenir des 700 personnes qui badgeaient sur le site et de leurs familles.  Que pensez-vous de la loi « M-real-Arcelor » présentée par le PS ? Thierry Ph. : Ce projet pour empêcher les fermetures là où il y a un repreneur sérieux, nous le portions depuis un moment. Malgré notre insistance, il est arrivé bien trop tard pour nous. L’UMP a refusé que cela sauve quelques milliers d’emplois. Le PS a au moins le mérite de l’avoir repris. Eva Joly était d’accord puis n’a plus donné de nouvelles. De même Mélenchon, venu il y a deux mois, et qui clamait qu’une semaine suffirait pour présenter ça au Sénat. Pour relativiser, il faut savoir qu’il y a cinq mois, sur proposition du conseiller général PCF, il y avait eu un vote UNANIME du conseil général, puis du conseil régional, demandant à l’État d’exproprier pour permettre la vente. On sait ce que valait un tel engagement pour M. Le Maire, conseiller régional et ministre. Mais le PS n’a rien fait de plus…Cela dit, M-real reste une exception : en général, il n’y a pas de repreneur du tout ! Alors, comme je l’ai déclaré lors de la venue de Bernard Thibaud : « je forme le vœu que notre flambeau soit repris par d’autres, et que cela débouche enfin sur un grand mouvement pour l’emploi qui fasse réfléchir les possédants et les licencieurs. »

Propos recueillis par Pierre Vandevoorde