Publié le Mardi 23 juin 2009 à 13h28.

Pôle emploi : une colère bien présente 

Jeudi 18 juin, à l’appel de trois syndicats (CGT, SUD et SNU), environ 14% des salariés de Pôle emploi ont fait grève.

Un chiffre qui ne prend pas en compte les absents pour diverses raisons ou encore la difficulté pour les précaires de se mettre en grève. Dans certaines régions le taux de grévistes était proche de 30%.

Les revendications portaient essentiellement sur trois axes: l’embauche massive de salariés non précaires pour faire face à la surcharge de travail; le respect des chômeurs et des missions de service public mis à mal par la fusion/privatisation entre les Assedic et l’ANPE; l’amélioration des conditions de travail et une revalorisation salariale. Le nombre de grévistes peut paraître décevant, au regard de cette sensation d’être débordés en permanence, de ne plus rien savoir, de ne plus rien faire d’utile, de ne plus avoir d’outils…

Pourtant, les raisons de la colère et de se mettre en grève ne manquent pas: accroissement du nombre de dossiers d’indemnisation, qui s’entassent (plusieurs dizaines de milliers sont en souffrance), ou du nombre de chômeurs à recevoir (entre 150 et 300 par conseiller, au lieu des 30 à 60 annoncés par le gouvernement et la direction); la désorganisation des équipes ou la destruction de nos missions dues à la fusion; la dégradation des conditions de travail et des outils mis à disposition pour répondre à la demande des usagers (la plateforme téléphonique « 3949 », payante et inefficace, en est le symbole); la perte de sens des métiers, qui se résument de plus en plus au rôle de flics  du chômage, d’auxiliaires de la police pour traquer les sans-papiers et d’opérateurs de saisie…

Pôle emploi est proche de la paralysie, sauf en ce qui concerne sa machine à radier, qui fonctionne malheureusement encore très bien. Le problème ne sera pas résolu par les 1000 embauches en CDI et 1340 en CDD, qui vont venir grossir les rangs des précaires du Pôle emploi (avant la fusion, 20% de la masse salariale de l’ANPE était en contrat précaire). Actuellement, pour faire face, il faudrait embaucher environ 20000 personnes. Mais embaucher pour faire quoi ? Pour contrôler, « fliquer » et radier ? Non, merci ! Il faut réclamer l’interdiction des radiations, l’arrêt du suivi mensuel personnalisé (SMP) et de tout contrôle de la recherche d’emploi; la suppression de l’offre raisonnable d’emploi; l’interdiction de l’envoi (automatique) des demandes d’inscription des étrangers extracommunautaires aux préfectures pour vérification de la légalité du séjour; la revalorisation des indemnités chômage…

La colère et le ras-le-bol des salariés sont bien présents et n’attendent plus que des perspectives de la part des syndicats pour s’exprimer. Les enjeux sont d’importance, car Pôle emploi est au centre du dispositif d’attaque de la classe ouvrière par le gouvernement et le patronat. Il faut résister à l’éventuel disparition, à terme, du système d’indemnisation du chômage au profit d’assurances privées. Il faut également combattre la mise en place de l’outil dont le patronat et les différents gouvernements rêvaient depuis plusieurs décennies: un outil plus « utile » que l’ANPE, pour obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi à n’importe quelles conditions salariales, afin d’augmenter un peu plus la concurrence entre les travailleurs avec ou sans emploi et faire baisser le coût du travail.