Publié le Jeudi 17 août 2023 à 17h58.

Réforme du RSA : toujours culpabiliser plus et surveiller plus les pauvres

Le Sénat a voté, avec le soutien du gouvernement, la mise en place d’une réforme du RSA qui est une nouvelle attaque contre les plus pauvres.

Le RSA, revenu de solidarité active, est né suite à une réforme du RMI, revenu minimum d’insertion. Il s’agissait de permettre à celleux qui étaient privéEs d’emploi et ne remplissaient pas les conditions requises par Pôle emploi pour être indemniséEs de recevoir un revenu minimal pour survivre. Pour le percevoir, il faut donc « juste » remplir des conditions d’âge et de résidence en situation régulière sur le territoire français, depuis plus de cinq ans. Le piège, c’est que, selon les politiques départementales, il y a une application plus ou moins stricte de l’obligation d’insertion socio-professionnelle. Parce que oui, quand on ouvre son droit au RSA, on nous explique de façon claire qu’on a « des droits et des devoirs ». Le droit c’est d’avoir l’argent et un accompagnement socio-professionnel, mais le devoir c’est d’adhérer au dit accompagnement socio-professionnel. Eh oui, dans le système capitaliste, rien n’est offert aux plus pauvres sans contre-partie, pas même de quoi survivre ! Alors que le RSA remplace ce qui devrait être un droit social : le droit à une allocation chômage décente, pendant le temps nécessaire pour retrouver un travail adapté, ou un salaire correct, payé par l’employeur, l’un comme l’autre avec un montant minimal égal au SMIC.

 

Nouvelle manœuvre contre les pauvres

Cette loi était déjà assez contraignante. Selon les départements et le service qui accompagne, les rendez-vous obligatoires peuvent aller de tous les trois mois à aucun. Et c’est là que le Sénat et le gouvernement ne sont pas contents. Comment ça, les pauvres ne sont pas contrôlés régulièrement partout ?! Ne serait-ce pas des profiteurs/ses (pour 500 euros par mois…) ?!

Donc, les politiques des Républicains et le gouvernement ont avancé l’idée d’une réforme du RSA dans laquelle il serait prévu que les bénéficiaires doivent prouver qu’ils font 15 à 20 heures minimum par semaine d’activité en vue de leur réinsertion professionnelle. Ils donnent des exemples : ça peut être des ateliers, des stages, du bénévolat. Cette idée a été reprise largement par le Sénat dans la loi France Travail. Le gouvernement fait mine que cela lui déplaît mais c’est pour mieux l’appliquer discrètement. Concrètement, cela signifie une humiliation et une stigmatisation pour les bénéficiaires de ce qui était un droit déjà minimal… et en plus, c’est du travail quasi gratuit qui est demandé pour quelques miettes. Une sorte d’esclavage moderne.

 

Enfermer dans la misère

Cette politique est hypocrite quand on sait que les moyens ne cessent d’être réduits pour Pôle emploi et les services sociaux pour aider les pauvres à sortir durablement de leur précarité, et que les entreprises n’aiment pas embaucher celleux qui n’ont pas travaillé depuis trop longtemps (sauf si elles sont grassement aidées pour pouvoir généreusement les exploiter et les sous-payer).

Cette réforme est encore une fois discriminante pour les pauvres et les précaires. Non seulement elle ne les aidera pas à améliorer leur situation, mais elle les stigmatisera et les culpabilisera davantage. Et surtout, quand parlera-t-on des vrais profiteurs, les grandes entreprises et les grands patrons qui perçoivent les aides de l’État sans jamais rendre des comptes, sans jamais signer un Contrat d’engagement réciproque trimestriel, pour être sûrs qu’ils vont pouvoir se passer de ces aides à l’avenir ?