Publié le Vendredi 16 juin 2017 à 09h06.

Rennes (35) : Les flics dérapent, les manifestants trinquent !

Le 27 avril dernier, au cours d’une manifestation « Ni Le Pen ni Macron » regroupant près de 2 000 personnes, un motard de la police a sorti son arme et braqué la foule...

Le geste est rare et choque : l’image fait alors le tour des réseaux sociaux. Pour la préfecture, le policier a agi « avec sang-froid, tempérance et modération », aucune enquête interne n’aura lieu. Au contraire, la machine policière se met en branle pour construire une affaire pour « violence sur agent », ainsi que « groupement en vue de commettre des dégradations ou des violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique ».

Une opération quasi militaire… dans le silence médiatique

Le 30 mai, une cinquantaine de policiers mène des perquisitions et des arrestations simultanées dans 6 habitations rennaises. Cagoulés, arme au poing, ils interviennent dans une maison où se trouve un enfant de 10 mois, détruisent la porte, pourtant blindée, d’un autre appartement. 7 personnes, dont deux mineurs, sont interpellées.

C’est la première fois qu’on voit une opération d’une telle ampleur à Rennes. Pourtant, la couverture médiatique se réduit à un bref article sur le site de Ouest-France. Et contrairement aux opérations ayant eu lieu pendant la COP21, la préfecture ne fait aucun commentaire triomphant : il ne faut surtout pas rappeler qu’un policier a sorti un pistolet...

La machine judiciaire « en marche »

Plus que sur des preuves, l’enquête semble se baser sur le « profil » de manifestants ayant des antécédents judiciaires, notamment ceux liés aux luttes contre la loi travail et contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les cinq personnes majeures passent en comparution immédiate et, parce qu’ils demandent un délai pour préparer leur défense, parce qu’ils ont osé faire valoir en garde à vue leur droit à garder le silence, et parce qu’ils ont tous un profil « politique », la procureure obtient un mandat de dépôt. Les cinq dormiront donc en prison jusqu’au 21 juin, date de renvoi du procès, alors que deux sont étudiants et doivent passer leurs examens, qu’un autre travaille en CDI et qu’un dernier est père de famille...

Alors que le gouvernement Macron se prépare à inscrire dans le droit commun les mesures de l’état d’urgence le jour même du procès, alors que la ville de Rennes a été le théâtre d’une répression policière de plus en plus féroce contre les manifestations pendant le mouvement contre la loi travail, il nous faut organiser maintenant une campagne de solidarité large avec les cinq de Rennes.

Correspondants