Le 23 octobre, au petit matin, l’État et la mairie de Rennes ont orchestré l’expulsion du campement de Maurepas, où vivaient plusieurs centaines de personnes exilées, dont de nombreux mineurs non accompagnés (MNA).
Sans huissier, sans décision de justice et sans information aux habitantEs : un déni absolu du droit et de la dignité. Beaucoup ont appris leur expulsion deux jours avant, grâce à des fuites. Le jour même, c’est un SMS à 6 h qui a tenu lieu de « communication officielle » pour certaines familles.
Un dispositif policier inédit
Dès 7 h 30, CRS casqués, police municipale et nationale encerclent le parc. Un arrêté préfectoral spécial autorisant la surveillance par drones n’a été publié que le matin même. Pour la première fois à Rennes, la protection civile accompagne la police dans une opération d’expulsion. Pendant que les policiers font le tour des tentes, la protection civile installe des tables dans le skatepark et commence un « tri social » des exiléEs. L’objectif est clair : casser l’organisation collective patiemment construite.
Les familles et jeunes sont disperséEs aux quatre coins de la Bretagne : Rennes, Fougères, Dinard, Tinténiac, mais aussi Lorient, Brest, Vannes, Quimperlé… 45 personnes orientées par la préfecture, 22 par la mairie, souvent pour trois nuits seulement. Sept familles peut-être relogées durablement : le reste, retour à la rue programmé. CertainEs arrivent dans des lieux isolés, sans nourriture, avec menace de facturation de 120 euros par nuit au-delà de quatre jours. 29 personnes laissées sans solution occupent d’abord le 360, puis l’université Rennes-2. Les hébergements temporaires expirent : les jeunes reviennent, rejoignant celles et ceux abandonnéEs dès le lendemain.
L’État choisit la violence sociale
Le 29 octobre, le CIAMIR (collectif d’exilés), Utopia 56 et l’IOSPE occupent l’Espace social commun Simone-Iff avec leurs exigences : application du droit, protection de l’enfance, hébergement et création d’une cellule de crise pour trouver des solutions pérennes et dignes pour toustes.
La réponse des autorités est classique : menace d’expulsion, fermeture administrative du lieu « par mesure de sécurité » pour pousser à la confrontation. Mais soutiens, salariéEs et usagerEs se mobilisent ; les camions de police ostensiblement présents autour du bâtiment une partie de la journée le lendemain repartent. La lutte tient.
À Fougères, où 15 MNA (mineurs non accompagnés) risquaient d’être remis à la rue sans solution « le soir même », une cinquantaine de personnes investissent la mairie et obtiennent un prolongement de 13 nuitées prises en charge par la mairie. À Dinard, 12 jeunes reprennent le train pour Rennes : l’État disperse, les exiléEs reviennent, soutenuEs par les réseaux solidaires.
Mises en demeure par les collectifs, interpellations publiques, lettre d’une députée LFI : rien n’y fait. Préfecture, département, ville jouent l’évitement et se renvoient la balle. À la veille de la trêve hivernale, les familles et MNA sont promis au trottoir.
Pour un front social et antiraciste
L’expulsion de Maurepas est une offensive politique contre les migrantEs et les solidarités populaires. La solidarité envers les migrantEs, les sans-papiers et les MNA doit se renforcer pour un hébergement digne et durable, la réquisition des logements vides, la fin de la stratégie de dispersion et d’isolement.
CorrespondantEs