« L’histoire de ce quinquennat, c’est la fin des déficits sociaux. La droite avait multiplié les franchises et creusé le déficit. Nous aurons sauvé la Sécu. » dixit Marisol Touraine, la ministre de la Santé et des Affaires sociales...
Les comptes de la Sécu sont une nouvelle fois instrumentalisés par le gouvernement. La Cour des comptes dénonce l’intégration d’un surplus de recette de la CSG à ses comptes, « un procédé comptable discutable, opportuniste, de nature à fausser l’appréciation de la réalité du redressement ». Le « trou abyssal» a été agité par les divers gouvernements... qui ont multiplié les exonérations de la part patronale des cotisations bien supérieures au déficit. Cette fois, c’est un excédent artificiel qui est créé afin de présenter à la commission européenne un déficit du budget public inférieur à 3 %.
Le gouvernement fait preuve d’encore plus de cynisme lorsqu’il prétend « sauver la Sécu », alors que des dispositions l’étouffent à petit feu. Ainsi les mesures concernant le recul de l’âge du départ à la retraite à 62 ans et l’allongement de la durée de cotisation ont été maintenues et aggravées. Le gouvernement a donné son agrément à l’accord Agirc-Arrco qui oblige à partir en retraite à 63 ans pour éviter une baisse significative de sa pension. Le blocage du montant des retraites incite ceux qui en ont les moyens à souscrire à des complémentaires privées, notamment des fonds de pension. De plus, en raison des déremboursements, la part des dépenses de ville remboursée par la Sécu continue à diminuer et les complémentaires santé se développent. Enfin, la modulation des prestations familiales selon le revenu des famille est une atteinte au principe d’universalité des allocations familiales. À l’avenir, un décret portant sur le plafond des allocations à taux plein suffira pour réduire le montant des allocations d’un plus grand nombre de familles.
En 2017, saignée de l’hôpital public et austérité généralisée
Après les 3,4 milliards d’économies en 2016, Marisol Touraine a annoncé les premières mesures pour 2017 : « un effort » de 4 milliards d’euros par des « gains d’efficience ».
La Fédération hospitalière de France dirigée par des directeurs d’établissement s’inquiète du « transfert du déficit sur les établissements hospitaliers. (…) Les hôpitaux sont engagés dans un plan inédit par son ampleur et son exigence (1 milliard en 2016) alors que les tensions sur les dépenses sont extrêmement fortes. »
À contre-pied du gouvernement, le rapport de la Cour des comptes est alarmiste : « le déficit élevé de la Sécurité sociale est une anomalie singulière ». Pour 2017, il préconise 6,1 milliards d’euros d’économies par « une maîtrise accrue des dépenses de santé », notamment en donnant plus de pouvoir aux complémentaires pour « réguler des dépenses ». Il demande « des ajustements progressifs et continus du système de retraite ». Il dénonce vigoureusement la gestion de la Sécu et l’absentéisme du personnel.
57 % de ses recommandations ayant été respectées ces trois dernières années, la vigilance et la mobilisation s’imposent !
S. Bernard