Publié le Vendredi 15 juin 2012 à 09h12.

Schindler : grève victorieuse

En arrachant quatre embauches sur l’Île-de-France et un recul de la direction sur un projet d’organisation du travail augmentant les charges et la pénibilité, après quatre jours de mobilisation, les grévistes de l’entreprise d’ascenseurs Schindler ont remporté une première victoire. Évoquer les ascenseurs, c’est immédiatement parler des pannes, des escaliers ou encore des coûts de rénovation… On pense plus rarement aux salariés qui tous les jours entretiennent et dépannent des appareils devenus indispensables au quotidien, et qui représentent un marché juteux profitant essentiellement à quatre entreprises, dont Schindler. Elles ont empoché la plus grosse partie des plus de 7 milliards d’euros dépensés pour mettre aux normes les ascenseurs ces dernières années. Sans que les salariés en bénéficient.

Alors, quand, à la fin du mois de mai, la direction annonce les mesures salariales qu’elle compte mettre en place, la pression est montée d’un cran. Les propositions de 1 % d’augmentation générale en juin, et 1 % au mérite au mois d’octobre (la mesquinerie patronale n’a pas de limite !), dans un contexte de gel des embauches, ont mis le feu aux poudres. Réunis en assemblée générale le lundi 4 juin au matin, les salariés de l’agence de Levallois ont voté la grève à la quasi-unanimité. À cette occasion, ils ont défini une plateforme de revendications exigeant une augmentation de 170 euros pour tous, la baisse du nombre d’ascenseurs en maintenance par technicien et des embauches pour réduire la charge de travail. C’est sur cette base que le mouvement s’est développé.

Petit à petit, la grève s’est répandue à travers toute l’Île-de-France. Les unes après les autres, des équipes de différentes agences ont rejoint le mouvement. Pourtant, la direction a fait la sourde oreille pendant les trois premiers jours. Face à son intransigeance, les grévistes ont décidé le blocage du siège national, à Vélizy, à partir du jeudi 7 juin. Après avoir fait irruption, la veille, en plein conseil d’administration, les salariés ont manifesté dans l’ensemble des locaux (bureaux d’étude, centre d’appels, services administratifs et paie…) et fait connaître leurs revendications à l’ensemble des salariés. Alors qu’en début de semaine, la direction exigeait la reprise du travail avant toute négociation, elle a été contrainte de céder face au risque d’extension du mouvement. Et de lâcher sur l’embauche et la charge de travail. Une victoire réelle dans le contexte de fermetures d’entreprises et de licenciements qui domine dans d’autres branches.

Au-delà des manifestations dans le siège, des moments conviviaux, de toutes ces choses qui rythment une grève, l’aspect le plus frappant, c’est la jeunesse d’une grande partie des salariés qui, pour beaucoup, faisaient leur première expérience de lutte sociale. C’est sans doute ce qui explique les difficultés à étendre le mouvement et à convaincre les équipes de s’impliquer dans la grève dans la durée. Mais dans cette situation difficile, où les salariés prennent coup sur coup, ce constat nous autorise une pointe d’optimisme : une nouvelle génération de salariéEs est en train de faire son expérience de la lutte !

Henri Clément