En y mettant les moyens — bus affrétés et deux jours payés, chantage à l’emploi — la direction de Seb a réussi à entraîner 450 salariéEs du groupe, ainsi que la CFE-CGE et FO dans une manifestation hostile au projet d’interdiction des PFAS (polluants éternels). C’est finalement un projet de loi très tronqué qui a été adopté en première lecture par les députéEs le 4 avril.
De grandes manœuvres donc pour cacher les responsabilités des entreprises sur l’environnement, la santé publique et l’emploi : Tefal pourra ainsi continuer de produire des poêles contenant des PFAS.
En brandissant la menace d’une destruction de 3 000 emplois, le PDG du groupe SEB s’oppose à la proposition de loi du député écologiste Nicolas Thierry, visant à interdire la fabrication, l’importation et l’exportation des PFAS. Ces polluants, utilisés notamment pour les revêtements des poêles Tefal, sont dangereux pour la santé humaine, pour l’environnement et pour leur résistance à la dégradation, d’où le terme de polluants éternels. Leur interdiction est donc urgente.
TétaniséEs par la perspective du chômage
Dans la manif parisienne du 3 avril, on a vu la pancarte : « L’écologie oui. Nos emplois aussi ! » Or, c’est bien la formulation qui est trompeuse et qui prend en étau les salariéEs. Il ne s’agit pas de choisir entre des emplois et la santé de toutEs (dont celle des travailleurEs d’abord). Ne renversons pas les responsabilités. C’est bien aux entreprises de gérer leur modèle économique dans le respect de la loi, de la santé publique et des citoyenNEs.
Loin des façades de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises, « normée » par les instances mondiales) business-compatible, il s’agit bien pour nous de soumettre les entreprises à leur responsabilité sur leur environnement naturel et humain, et de rappeler qu’elles sont là pour produire des biens essentiels, et non produire pour maintenir un modèle économique.
Et les instances représentatives du personnel ?
« Flagrant délit de non-anticipation », pointe le porteur du projet de loi. Et c’est bien le cas, puisque ces polluants sont connus depuis vingt ans. Dans une perspective plus concrète et immédiate, rappelons par ailleurs que les orientations stratégiques de l’entreprise, tout comme l’introduction de nouvelles technologies, doivent faire l’objet d’une consultation des instances représentatives du personnel. Un premier pied dans la porte pour recadrer les débats au sein des entreprises.
À travers cette actualité, c’est tout l’enjeu de l’anticipation et de la justice de la transition écologique qu’il faut mettre durablement au centre de nos exigences, une transition juste et sécurisée pour les travailleurEs. La continuité du salaire en sera un élément central qui permettra aux salariéEs de passer d’un emploi « carboné », amené à disparaître, à un emploi compatible avec les enjeux climatiques et donc pérenne.
L’urgence climatique impose un changement de modèle profond de la société, de notre économie et de nos modes de production. Imposons une transition écologique vers une société non-capitaliste, vers l’écosocialisme.
Commission nationale écologie