Le « coup de pouce » au Smic, annoncé par François Hollande, se traduit finalement par une hausse de 2 % du taux horaire.
Selon le code du travail, le Smic est augmenté, chaque 1er janvier, selon une formule qui additionne l’inflation depuis la dernière revalorisation avec la moitié du gain de pouvoir d’achat du salaire ouvrier moyen (celui-ci n’ayant pas progressé plus que l’inflation, il ne rentre pas en compte cette fois-ci) et un éventuel coup de pouce, à la discrétion du gouvernement.
Les 2 % annoncés le 26 juin comprennent donc, en réalité, et sous forme d’« avance », une partie de l’inflation devant intervenir dans la hausse qui doit être accordée, au plus tard, le 1er janvier 2013. Il s’agit de l’augmentation constatée des prix entre novembre 2011, date de la dernière revalorisation, et le mois dernier, soit 1,4 %. Résultat : le vrai coup de pouce est de 0,6 % (2 %-1,4 %), soit moins de 6 centimes d’euros de l’heure pour une augmentation totale de 18 centimes de l’heure (le Smic horaire va passer de 9,22 à 9,40 euros). Et la hausse de janvier prochain sera minuscule. Pas de quoi pavoiser pour les bas salaires. Le gouvernement affiche un chiffre de hausse de 21,50 euros par mois. Mais cela ne concernera pas les temps partiels nombreux à être payés sur la base du Smic horaire, surtout pour les femmes. Ce n’est pas non plus comme ça qu’on réduira les inégalités : une étude de l’Insee publiée le 26 juin montre qu’en 2010 (derniers chiffres disponibles), dans le privé, les augmentations ont été d’autant plus fortes qu’on monte dans la hiérarchie : le pouvoir d’achat du salaire mensuel net moyen des ouvriers a baissé de 0,2 %, celui des employés a fait un peu mieux avec +0,2 % tandis les cadres gagnaient 1 %.
Bien sur, le Medef a protesté. Il est là pour ça et mène avec résolution la lutte des classes.
Le 19 juin, Laurence Parisot a tenu un discours apocalyptique et décalé de la réalité économique sur la situation des entreprises.
Il s’agit de faire pression sur le gouvernement pour que la future augmentation des taxes pèse avant tout sur les salariéEs. L’énergie du Medef contraste avec l’atonie des directions syndicales dont la passivité actuelle préjuge très mal de leur tonus face aux mesures d’austérité en discussion au gouvernement et qui devraient apparaître au grand jour en septembre dans les budgets de l’État et de la Sécurité sociale.
Henri Wilno