Face à l’inflation, les auxiliaires de vie de l’entreprise Domidon à Caen réclame la hausse de l’indemnité kilométrique, une prime de panier ou des tickets restaurant et une augmentation de salaire. Elles sont déterminées.
Elles étaient une dizaine en grève ce mardi 18 octobre. On ne pouvait pas les manquer, les auxiliaires de vie de Domidom (filiale du groupe Orpea, environ 840 salariées dans toute la France). Elles ont donné de la voix toute la journée. Devant les bureaux de l’entreprise, dans le cortège d’un millier de travailleurs de l’éducation contre la réforme (ou plutôt la démolition) des lycées professionnels et enfin au rassemblement interprofessionnel de 17 h 30.
Une indemnité trop basse à 31 centimes par kilomètre
Elles sont en grève illimitée. Le détonateur de leur colère, c’est le prix des carburants. Le travail des auxiliaires de vie consiste à se déplacer au domicile de personnes âgées pour leur prodiguer des soins. Autant dire qu’elles ne comptent pas les kilomètres. Or, l’indemnité de déplacement n’a pas changé depuis belle lurette. 31 centimes par kilomètre, c’était déjà bien juste pour assurer l’entretien de leurs voitures avec le gasoil à 1,35 euro le litre. Aujourd’hui, elles en sont clairement de leur poche.
À vrai dire, c’était déjà le cas avant. Depuis quelques années, une jurisprudence permet à l’employeur de ne compter comme temps de travail qu’un quart d’heure par déplacement entre deux bénéficiaires. Ceci a deux conséquences. D’une part, au-delà de ce quart d’heure, le temps passé sur la route, non compté comme temps de travail, est carrément offert… à Domidom, pas aux bénéficiaires. D’autre part, toute minute passée en plus sur la route conduit à une minute de retard de l’auxiliaire sur son planning.
Domidom peut bien multiplier les messages de prévention routière hypocrites, c’est bien son organisation du travail qui met en danger les auxiliaires en les incitant à conduire le plus vite possible entre deux domiciles à visiter. Elle les met aussi sur les nerfs, au risque d’altérer leur relation avec les bénéficiaires – même si les auxiliaires sont unanimes à dire que s’il leur arrive parfois de « se lâcher », c’est le soir venu auprès de leurs familles.
500 euros par mois en plus tout de suite
« Travailler plus pour gagner plus », certaines salariées ont essayé. Faute d’augmentation, avec un salaire rivé au Smic, il s’agissait de s’offrir à la sueur de son front une sorte de 13e mois, car les heures supplémentaires ne sont payées qu’en fin d’année. C’était sans compter la rapacité de Domidom. Les unes se sont vues imposer 15 jours de congé en octobre ou novembre. Les autres ont vu leur planning tomber brutalement à deux heures par jour, de préférence de 8 à 9 heures et 18 à 19 heures… Bref, Domidom a vidé avec méthode leur compte épargne-temps pour lâcher le moins possible de son magot.
Avant, elles n’avaient jamais revendiqué, juste présenté des « petites demandes, en interne », mais cette fois, c’en est trop. Il y en a assez de courir d’un bout à l’autre de l’agglomération de Caen et même au-delà. En bousillant sa santé, car une auxiliaire seule ne peut soulever un bénéficiaire en surpoids sans appareillage qu’en abîmant son propre dos. Sans parler des repas pris au lance-pierres entre deux visites, des coupures – avec deux heures de trou en plein milieu de la matinée, on n’a pas le temps de rentrer chez soi, et le carburant est à payer de sa poche – pendant lesquelles on tue le temps dans sa voiture faute de pouvoir se payer un café en terrasse !
Elles savent ce qu’elles veulent : des tickets restaurant ou une prime de panier, le paiement des heures supplémentaires, l’augmentation de l’indemnité kilométrique, et bien d’autres choses encore, mais surtout 500 euros d’augmentation mensuelle. Car sans ce minimum, on peut survivre mais on ne vit pas.