Publié le Dimanche 19 juin 2011 à 08h11.

Solidaires : un congrès solide dans un climat incertain

Le cinquième congrès de l’Union syndicale Solidaires qui vient de se clôturer a été marqué par une réelle consolidation de ses orientations et de ses structures mais enregistre aussi les blocages dans la voie d’une recomposition syndicale sur des bases combatives.

Ce congrès a enregistré une nette progression depuis celui de 2008 : 15 000 nouveaux adhérents permettant à l’Union syndicale de passer le cap des 100 000. Plus de 10 % de progression, à mettre notamment au crédit de nouveaux syndicats du secteur privé, même si la majorité de l’Union est encore du côté des grands syndicats du secteur public et des entreprises d’État. Mais ces dernières années, le développement de SUD Industrie, l’implantation dans la chimie, l’automobile, les transports, le commerce ou le nettoyage sont une nouvelle réalité de Solidaires.

À ce titre, ce congrès était le premier à donner une place statutaire aux structures départementales, les « Solidaires locaux », de fait départementaux, à égalité avec les syndicats nationaux. L’Union, à son origine, était essentiellement un alliage des grands syndicats nationaux de la fonction publique. Les Solidaires locaux sont depuis plusieurs années le fer de lance du développement dans de multiples entreprises du secteur privé, souvent de petites tailles.

Le second point marquant du congrès était le souci d’avancer dans les élaborations des positions de Solidaires sur la crise, les droits sociaux, la santé au travail, les droits des travailleurs étrangers, la situation du syndicalisme et le fonctionnement. Au cœur de ces documents, il y avait une réelle homogénéisation, par exemple sur les revendications concernant les travailleurs étrangers. De même, le choix avait été fait d’approfondir l’élaboration sur les questions de santé au travail, le travail des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), notamment après le travail réalisé par SUD PTT.

Ce congrès arrivait un peu tôt pour faire le bilan de la nouvelle loi sur la représentativité de 2008, mais une résolution a tenu à marquer la grave évolution répressive du gouvernement et du patronat vis-à-vis du syndicalisme de lutte.

Par ailleurs, plusieurs points étaient en débat, marquant des approches différentes ou des nécessités de clarification. C’était le cas de la question du combat contre les délocalisations, de l’énergie nucléaire et de la nouvelle branche dépendance de la Sécurité sociale. Autant de débats sérieux, qui se sont conclus par la réaffirmation de positions nettes, refusant des formulations glissantes, tout en restant des positions de consensus maintenant des débats à venir.

L’autre place importante dans le congrès revenait aux délégations internationales, significatives et marquant un réel investissement du secteur international de Solidaires, notamment depuis plusieurs années avec les syndicalistes d’Égypte, du Maghreb et d’Afrique subsaharienne. Des syndicalistes polonais, de l’État espagnol et latino-américains étaient aussi présents.

Enfin, l’ombre au tableau, si l’on peut dire, fut le bilan du mouvement des retraites. Il y eut un large accord sur l’orientation unitaire et radicale de Solidaires, mais ce mouvement a reflété les limites des capacités de l’Union syndicale à faire converger les forces actives pour un syndicalisme de lutte. Le combat a dû se mener contre la direction confédérale de la CGT, et la FSU ne joue plus le rôle qui avait pu être le sien à la fin des années 1990… Ce qui laisse en panne le projet de recomposition large qui était sur les fonts baptismaux de Solidaires. 

Laurent Carasso