Annoncé lors des vœux télévisés du président Sarkozy, le « sommet social » du 18 janvier réunissant le patronat et cinq syndicats (CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC) n’a de social que son nom. Cette parodie est l’occasion d’imposer de nouvelles attaques profondes contre le monde du travail.Pour essayer de reprendre la main à moins de 100 jours de la présidentielle, Sarkozy nous refait le coup du sommet social qui, après la perte du triple A, a été renommé « sommet de crise ».
Ce sommet a été convoqué pour soi-disant « engager une nouvelle étape au service de la compétitivité de l’économie française et de la croissance ». Cette nouvelle étape passera par de nouvelles réformes structurelles qui seront de nouvelles attaques contre nos droits sociaux avec comme éternel objectif « la réduction des déficits ».
Quatre sujets sont à l’ordre du jour : la taxation sur les transactions financières ; la fiscalité avec la mise en place de la TVA sociale ; la formation des chômeurEs et le temps de travail. Aucune surprise n’aura lieu au soir du 18 janvier puisque les décisions sont déjà prises par le gouvernement pour satisfaire ses amis patrons et du Fouquet’s.
Sans oser la nommer, le gouvernement s’apprête après « le sommet de crise », à instaurer la TVA « sociale », vieille revendication du Medef et que Sarkozy avait dû remballer en 2007 sous pression de ses députés. Sous prétexte de sauver les emplois, de lutter contre les délocalisations mais aussi sous pression des agences de notation, Sarkozy termine donc son mandat comme il l’a commencé : par un nouveau cadeau fiscal aux patrons. Cadeau fiscal d’environ 30 milliards d’euros. Et il faut appeler les choses par leur nom : derrière les formules « faire baisser le coût du travail », « accroître la compétitivité de nos entreprises », c’est tout simplement de la baisse massive des salaires qu’il est question. Car réduire les cotisations sociales de 30 milliards, c’est pour les patrons faire 30 milliards d’économie sur les salaires (salaires et cotisations sociales) et donc augmenter d’autant la part des profits. Compenser le cadeau ainsi fait aux patrons par la TVA, c’est un nouveau hold-up sur les revenus de l’ensemble des classes populaires sous forme d’impôt sur leur consommation quotidienne. La TVA est l’impôt le plus injuste de tous, puisque des Lagardère ou Bettencourt la payent au même taux qu’un chômeur ou un bénéficiaire du RSA. Mais pour faire passer la pilule, Sarkozy devient désormais le premier défenseur d’une taxe sur les transactions financières. Taxe qu’il considérait, il n’y a pas si longtemps, comme une « absurdité » et, cela, au moment même où, au côté d’Angela Merkel, il prétend imposer à tous les peuples d’Europe la discipline de l’austérité.
Le deuxième gros dossier de ce « sommet de crise » concernera l’emploi et le temps de travail. Car désormais Sarkozy fait de l’emploi l’une de ses préoccupations majeures. La solution magique du gouvernement serait donc le chômage partiel et la formation des chômeurs pour lutter contre le chômage qui touche aujourd’hui 4 510 000 personnes (5,2 % de plus qu’en 2010), sans compter les 500 000 personnes non inscrites, radiées, au RSA, ainsi que les plus de 3,5 millions de précaires. Selon Sarkozy, l’ « activité partielle » permettrait de « maintenir l’emploi, éviter les licenciements » mais dans les faits cela permettra une nouvelle fois au patronat d’économiser de l’argent, de développer encore plus la flexibilité des salariéEs, mais ce ne sera pas une mesure pour lutter contre le chômage et la précarité. Cerise sur le gâteau, le temps de travail sera également discuté le 18 janvier. Discussion qui tombe à pic, puisque selon l’institut Coe-Rexecode, institut pseudo scientifique patronal, la durée de travail en France serait la plus faible d’Europe après la Finlande. Étude « scientifique » reprise sans attendre par Xavier Bertrand pour affirmer qu’ « il faut qu’on travaille davantage, il faut qu’on fasse travailler davantage de monde », et propose donc des « accords compétitivité-emploi » et ainsi d’en terminer avec les 35 heures.
Ce sommet n’a rien de social, il s’agit tout simplement d’un troisième plan d’austérité que le gouvernement veut faire cautionner par les directions syndicales. Même si des actions unitaires, des manifestations et dans certains secteurs des grèves auront lieu, la riposte n’est pas à la hauteur des enjeux. Comme l’a proposé Philippe Poutou, candidat du NPA à l’élection présidentielle, « Toutes les forces de la gauche sociale et politique devraient se rencontrer au plus tôt pour définir ensemble les modalités immédiates d’une riposte ». L’urgence aujourd’hui est de stopper la destruction de l’ensemble de nos acquis sociaux !
Sandra Demarcq