Publié le Jeudi 15 avril 2010 à 22h49.

STMicro, le refus du mépris

Chez STMicroelectronics, l’heure est aux revendications. Après les techniciens et les ingénieurs, ce sont les personnels de nettoyage qui font grève. Depuis mi-mars, trois grèves inattendues sur le site de STMicroelectronics à Grenoble (2 400 salariés), multinationale de la microélectronique. Tout d’abord, 50 salariés (petit secteur industriel) ont fait une grève continue, exceptionnelle de trois semaines pour des augmentations générales et diverses revalorisations. Ils pensent avoir inutilement payé la crise. Même si la grève est plutôt un échec dans l’immédiat car la production est repartie, il leur reste la fierté d’avoir redressé la tête face au mépris du management et grâce à une solidarité inhabituelle manifestée par les autres salariés.

L’absence d’un mouvement national, malgré les tentatives en ce sens sur les autres sites industriels, a pesé. Dans le même temps, sur ce même site, 350 ingénieurs débrayent une heure chaque jour car après une année 2009 sans augmentation, les salaires n’ont été que faiblement relevés en 2010.

En outre, six mois plus tard, une partie seulement des salariés est augmentée, ce qui déclenche le conflit. Ils reprochent à la direction sa gestion financière et déshumanisée, la désorganisation du management et les menaces sur l’emploi dans un secteur où, en France, les entreprises ont « dégraissé ».

À l’exception de la fermeture d’un site à Caen employant 120 personnes, STMicro qui a profité d’aides de la puissance publique, n’a pas eu besoin de licencier. Il faut ajouter à leurs griefs les réorganisations internes incessantes, les délocalisations, l’emploi de jeunes ingénieurs en sous-traitance, le haut management en Suisse et trois fusions récentes dans la téléphonie mobile.

Pour les grévistes, les moyens financiers ne manquent pas et la participation de l’État au capital, les engagements même flous de créations d’emplois et les subventions constituent des points d’appui pour leurs revendications. Ainsi les salariés viennent de manifester auprès des collectivités publiques à Grenoble.

Mais il n’a pas été possible d’étendre le mouvement au reste de l’entreprise sauf dans de petits sites où l’activité téléphonie mobile existe comme Le Mans, Sophia-Antipolis et Paris. Ce mouvement de débrayage quotidien d’ingénieurs est atypique. La direction joue le pourrissement. Mais nouvelle surprise, le jeudi 8 avril, le personnel de nettoyage (100 salariés en sous-traitance) de l’autre site industriel isérois (Crolles) s’est mis en grève avec déjà un certain succès. Correspondant