Extrait de la déclaration des organisations CFDT, CFTC, CGT, FSU, UNSA du lundi 25 novembre : « C’est pourquoi doit s’engager ou se poursuivre un dialogue social (…) dans les entreprises comme dans les secteurs d’activités, les territoires et au niveau national »...
À quelques mois des élections municipales et européennes, la majorité parlementaire et surtout le Parti socialiste tentent par tous les moyens de remonter la pente depuis le fond du trou des sondages atteint par le président de la République et le Premier ministre. Avec un Valls à la manœuvre, difficile de faire de la défense de Christiane Taubira autre chose qu’un dérisoire prétexte pour tenter de ressouder les rangs de la majorité.
La fiscalité : alibi et régression socialeAlors rien de tel que de nous rejouer le grand jeu du dialogue social. Le choix du thème est imposé par un ras-le-bol interclassiste et donc lourd de confusions : la fiscalité. Certes, il s’agit de l’un des engagements du candidat Hollande, mais de renoncement en renoncement, on est presque surpris de ce retour sur une promesse électorale.Ce qui frappe, c’est la rapidité avec laquelle les « partenaires sociaux » se sont empressés de répondre présents. Pour le patronat, il s’agit d’en remettre une couche sur le thème de la baisse des prélèvements obligatoires. Pas de surprise non plus du côté de la CFDT qui « appelait depuis de nombreux mois à une mise à plat de la fiscalité », de la CFTC qui déclare ne pouvoir « qu’encourager cette démarche », et la CGC exprime « un certaine satisfaction ». Mais surtout, on connaît les prédispositions de ces confédérations à privilégier non seulement le dialogue avec le patronat et le gouvernement mais aussi et surtout à soutenir leurs propositions et politiques. De son côté, FO a salué « une bonne initiative ». Pour la direction confédérale de la CGT, Thierry Lepaon a rappelé qu’il avait demandé il y a six mois « un débat national sur la création de richesse et sa répartition ». « Aujourd’hui, le gouvernement est contraint d’ouvrir une discussion, mieux vaut tard que jamais ». Pour Solidaires (finances publiques), « cette annonce est tardive mais l’orientation générale est nécessaire et doit se traduire concrètement dans les faits ».Ainsi toutes les directions syndicales de salariéEs se retrouvent pour discuter avec le gouvernement et le patronat. Pour le gouvernement, l’enjeu est de taille. Il s’agit, en affichant de nouvelles promesses sur le terrain de la fiscalité, de tenter de faire oublier sa politique antisociale. Le secrétaire général de la CFDT appelle Hollande à « faire acte de vision, de hauteur, d’autorité » et, comme la CFTC, n’est pas hostile à la fusion CSG-impôt sur le revenu. Pour les autres centrales, seules FO et la CGT se déclarent clairement hostiles à cette fusion et à l’augmentation de la TVA.
Faire oublier les faiblesses et les reculsLes directions syndicales nationales saisissent aussi la main tendue par le gouvernement pour faire oublier le trou d’air dans lequel elles semblent avoir sombré, de la loi sur la compétitivité aux mobilisations bretonnes en passant par la réforme des retraites. Les manifestations unitaires bureaucratiquement organisées en Bretagne, depuis Carhaix jusqu’aux quatre manifestations du week-end dernier, le rendez-vous unitaire initié par la CGT, sont des contrefeux dont les objectifs et résultats sont peu convaincants. L’affaiblissement des organisations syndicales permet aujourd’hui au gouvernement de supprimer les élections prud’homales. Les reculs de participation aux élections professionnelles ou celui de la CGT dans des bastions comme Renault ou EDF ne relèvent pas seulement des évolutions sociologiques. L’absence d’une volonté au niveau des exigences de la situation est largement critiquée dans les syndicats. Dans la CGT, la FSU et Solidaires, de nombreuses voix se sont élevées contre cette politique. Pour commencer à renverser le rapport de forces en notre faveur, ce n’est pas sur ces directions syndicales que l’on peut s’appuyer.Plus que jamais, l’heure est à la construction de convergences entre les mobilisations. Les jeunes, les enseignantEs, les salariéEs de l’agro-alimentaire ou de La Redoute montrent une autre voie que celle de la résignation et du dialogue social.
Robert Pelletier