Le 23 avril dernier, nous étions plus de 10 000 personnes à Paris et plusieurs dizaines de milliers dans toute la France pour dire non à la réforme de l’assurance chômage dont l’application est prévue au 1er juillet : non à la baisse drastique des indemnités chômage des plus précaires ; non au milliard d’économie prévu annuellement sur leur dos ; mais non aussi à la situation actuelle où près d’unE chômeurE sur deux est privé d’indemnisation.
Depuis près de deux mois le mouvement d’occupation des lieux de culture se poursuit et s’amplifie. La convergence avec les autres secteurs professionnels concernés par l’assurance chômage s’est très vite imposée : les intermittentEs du spectacle savent qu’ils et elles ne pèseront plus très lourd face au Medef quand le reste des droits des précaires aura été démantelé.
Convergence réussie
Ce 23 avril, c’était le premier test grandeur nature de cette possibilité de convergence. Et nous l’avons réussi. Nous avons construit ce 23 avril depuis les théâtres et lieux de culture occupés, et avec les associations de chômeurEs, des travailleurEs des organismes sociaux, et même des salariéEs des hôpitaux. Et quel bonheur de se retrouver aussi nombreuses et nombreux, aussi joyeux et aussi déterminés dans la rue vendredi dernier.
Alors bien sûr, construire en France en 2021 un mouvement massif de chômeurEs et précaires est un véritable défi. C’est certainement ce qui explique que la confédération CGT a remisé certaines de ses critiques pour appeler à cette date en la construisant le mieux possible. Comme souvent, dans beaucoup d’endroits, les UD et les syndicats ont su depuis la base mettre leurs forces dans la bataille.
De la même manière, au niveau national et local, Solidaires a pesé autant que possible, souvent en lien avec la CGT, pour que cette première journée soit à la hauteur de la situation.
Un défi donc, mais ce 23 avril aura montré qu’il était possible de commencer à le relever. Et le 1er Mai sera une étape de plus dans la construction de ce mouvement interpro.
Rendez-vous le 1er Mai… et après
Une étape de plus, mais par le caractère « traditionnel » du 1er Mai, nous savons aussi que les parcours, les pratiques et habitudes de cette date sont souvent difficiles à faire bouger. Si cette journée peut nous permettre de visibiliser davantage la (seule) lutte en cours contre la réforme de l’assurance chômage, c’est certes important, mais il nous faut de toute urgence, au-delà de cette journée, pouvoir tracer des perspectives de mobilisation et de convergence. Les pressions des directions des lieux occupés commencent à se faire plus insistantes en maints endroits et la nécessité que d’autres secteurs prennent le relai est de plus en plus vitale.
À l’heure actuelle, il semble difficile d’envisager un mouvement massif, mais peut-être l’enjeu réside-t-il dans une dynamique de relai entre plusieurs secteurs, permettant ainsi à la mobilisation de passer outre la réouverture des lieux et de tenir jusqu’à l’été où, on le sait, d’autres leviers, plus importants, sont alors employables.
Alors que nous écrivons, une coordination des lieux occupés se tient à Villeurbanne (TNP occupé). L’ordre du jour proposé témoigne de l’actualité et de l’urgence de ces questions. Gageons que les différents groupes de travail, que le croisement des expériences, que l’élaboration collective, permettront de tendre des perspectives à la hauteur des enjeux.
Et surtout, un défi qu’il nous est urgent et vital de relever. Parce que moins de droits pour les chômeurEs, c’est plus de droits pour les patrons. Alors il en va de l’avenir de notre classe de mettre un coup d’arrêt à cette réforme inique et tristement historique.