« Transdev fait comme si ça ne leur faisait rien, mais ne vous trompez pas : la grève leur fait mal ! » analyse un gréviste en AG. En effet, cette grève n’est pas qu’un caillou dans la chaussure du patronat : elle ressemble plus aux grosses pierres qui ont bloqué les bus du dépôt de Bailly.
Mais si stopper la production fait actuellement perdre de l’argent aux patrons, la grève est surtout en train de laminer leurs espoirs de profits futurs, en empêchant la dégradation des conditions de travail et de rémunération qu’ils voulaient imposer aux conducteurEs.
L’extension de la grève, cauchemar des patrons
Plus qu’un mois de grève, c’est par exemple l’augmentation du paiement du temps indemnisé1 chaque jour et pour chaque conducteurE qui va prendre sur les profits des patrons – et qu’est-ce que ce serait si ce temps indemnisé disparaissait purement et simplement, comme le veulent beaucoup de grévistes de la base !
C’est le raisonnement qui a été mis en avant depuis le début de la grève par la majorité des grévistes : mieux vaut perdre un mois maintenant que plus d’un mois sur les cinq ans entre deux appels d’offres. C’est en partie ce qui explique qu’après un mois, la grève tienne bon, et continue même de s’étendre ! Les salariéEs de Transdev Rambouillet ont en effet décidé de reconduire après le 5 octobre, jour où des grévistes d’autres dépôts avaient décidé de se montrer derrière de belles banderoles à la manifestation parisienne. Certains grévistes ont décidé de prendre en charge eux-mêmes l’extension, en allant visiter le dépôt de Chelles pour l’encourager dans son premier jour de grève mercredi dernier, ou en allant donner des idées au dépôt de Villepinte qui n’y est pas encore. Ils y ont été reçus par tous les cadres et la police, preuve s’il en fallait que c’est bien l’extension de la grève le plus grand cauchemar des patrons !
- 1. Une partie de l’offensive patronale consiste à distinguer ce temps indemnisé (TI) du temps de travail effectif (TTE), passé à conduire. Le métier de conducteur est évidemment bien plus que seulement de la conduite ; en le niant, les patrons augmentent l’intensité du travail. Le TI n’est de plus pas compté comme du temps de travail, donc malgré des semaines à rallonge, le déclenchement du paiement en heures supplémentaires devient quasiment impossible, alors que c’est ce qui comblait des salaires de base très bas.