Depuis quelques semaines la presse se fait l’écho d’une « prime JO » pour les cheminotEs, dont l’objectif est d’assurer le bon fonctionnement des transports en période d’afflux. Décodage !
Les Jeux olympiques de 2024 auront lieu du 26 juillet au 11 août, et les Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre, c’est-à-dire pendant les congés d’été. Petit rappel, à la SNCF, le statut — vous savez ce truc combattu par les libéraux de tout poil car il donne trop de faveurs — accorde à tout cheminotE qui en fait la demande un congé réglementaire continu, dans la période du 1er mai au 31 octobre, s’inscrivant dans une absence d’au moins 24 jours consécutifs.
La direction de la SNCF trouvant que cela fait bien trop l’a déjà réduit depuis la nuit des temps pour les conducteurEs en créant un protocole congés de 21 jours.
Transporter les foules pendant l’été et les vacances
L’an passé, probablement en prévision des difficultés entrevues pour la gestion des cheminotEs durant la période des JO, la direction de façon unilatérale avait décidé de supprimer ce fameux protocole congés. Les congés seraient désormais attribués par un logiciel — donc par une intelligence artificielle, puisque l’intelligence humaine semble faire défaut à nos décideurs.
Après quelques semaines de lutte, la direction abandonne l’idée et décide le maintien de ce fameux protocole pour les années 2022 et 2023, laissant la suite sous le couvert de futures discussions.
La direction de la SNCF, qui poursuit ses suppressions d’emplois à marche forcée, est consciente qu’elle va avoir un problème dans la période estivale de 2024. Le simple bon sens voudrait que l’on anticipe. La SNCF décide de ne rien faire.
Dans le Journal du Dimanche du 3 juillet 2022, Bernard Thibault — ancien cheminot, ancien secrétaire général de la CGT qui pantoufle au comité d’organisation des JO — alerte lui aussi publiquement sur le manque de personnel et les difficultés que cela poserait d’avoir des foules de voyageurs supplémentaires en cette période de vacances et souligne la nécessité de négocier une solution. Cette fois, c’est officiel : le gouvernement et l’ensemble des autorité organisatrices ne peuvent plus feindre l’ignorance. Pourtant rien ne change.
Une primette pour ne pas qu’on les embête
Jusqu’à ce que la presse parle d’une prime JO en pleine bataille pour les retraites. La direction de la SNCF espère ainsi, après avoir supprimé des milliers d’emplois, vidé petit à petit le statut de la SNCF de ce qui en faisait l’attrait, détruit le système de retraites des cheminotEs — qui permettait, entre autres grâce à des cotisations sociales supérieures de partir plus tôt à la retraite —, qu’une primette suffira aux cheminotEs pour abandonner toute dignité et s’opposer à ce qu’« on embête le bon fonctionnement des JO », selon l’expression de l’inégalable Laurent Berger.
Les salaires étant tellement faibles, en lâchant quelques milliers d’euros, elle pourrait peut-être y parvenir. Mais las ! tel Arpagon, elle envisage pour le moment de verser entre 350 et 450 euros avec des modalités du genre « pour ceux qui auront travaillé durant toute la période sans absence de tout type ». Traduction : ceux qui n’auront fait qu’une partie car en congés sur l’autre n’auront rien ou qu’une partie et, bien entendu, dans toutes absences sont inclus ce que, pudique, la direction de la SNCF nomme la cessation concertée du travail, soit la grève. Ainsi, comme au Qatar pendant la Coupe du monde de foot, la SNCF et le gouvernement veulent une période d’exception !