Publié le Mardi 4 mai 2021 à 12h47.

Un 1er mai déconfiné, annonciateur d’un « printemps social » ?

Après un 1er mai 2020 totalement confiné qui avait valu quelques amendes à celles et ceux qui avaient oser braver les interdictions de se rassembler, ce samedi na certes pas retrouvé les chiffres de manifestantEs de ces dernières années, mais marque tout de même le retour dans la rue de la contestation du monde du travail.

Qu’importent les traditionnelles différences de chiffres, on pourra retenir qu’au moins 100 000 personnes, 150 000 selon la CGT, ont manifesté dans 300 cortèges dans tous le pays. À l’évidence, on n’a pas retrouvé en ce 1er mai 2021 les chiffres de manifestantEs de ces dernières années, au moins ceux depuis la séquence contre la loi Travail. Le contexte sanitaire, toujours pesant, en est une des raisons, le déroulement des dernières manifestations du 1er mai, en particulier parisiennes, perturbées par les provocations policières, en est une autre. Pour autant, soulignons que l’arbre parisien — une manifestation sensiblement plus faible (même si la CGT annonce tout de même 25 000 manifestantEs) — ne doit pas cacher la forêt, avec des mobilisations proportionnellement plus fréquentées dans les autres régions : entre 4 000 et 5 000 à Nantes, 5 000 à Bordeaux, Toulouse ou Lyon, 1 500 à Rouen, 2 000 à Tours ou à Brest...

La colère a donc pu s’exprimer dans un contexte où le gouvernement et les capitalistes qu’il sert continuent leur offensive : ainsi la contestation de la « réforme » de l’assurance-chômage qui doit entrer en vigueur ce 1er juillet, lutte portée dans de nombreuses manifestations par un secteur de la culture quelquefois en tête de cortège (comme à Rouen ou Besançon)… Au-delà, revenaient aussi la question des licenciements et suppressions de postes (avec la présence de boîtes directement touchées comme les TUI à Paris, la SAM à Rodez...), les revenus à la baisse et bien évidemment la gestion catastrophique depuis plus d’un an de la crise du Covid-19.

La veille du 1er mai, Philippe Martinez a dit dans les médias souhaiter la venue d’un « printemps social ». Chiche ! Mais pour cela, c’est d’un plan de bataille dont nous avons besoin, en commençant par préparer dans l’unité les différentes journées de mobilisation annoncées en ordre dispersé, dont la nouvelle manifestation contre les licenciements à l’appel de la CGT TUI samedi 12 juin.

Protéger nos manifestations

À Paris, une nouvelle fois , les CRS omniprésents et « au contact » ont perturbé le déroulement de l’après-midi, paralysant longuement le cortège syndical et agressant des manifestantEs. Une nouvelle preuve que ces « forces de l’ordre » ne sont vraiment pas là pour assurer notre protection, comme l’ont aussi montré les événements de la fin d’après-midi place de la Nation.

En prenant à partie le service d’ordre de la CGT et, au-delà, ses militantEs, quelques dizaines de manifestantEs non identifiés ont commis des violences inacceptables contre une composante du mouvement ouvrier : dégâts matériels contre les véhicules, insultes sexistes et homophobes, attaques physiques contre des militantEs de la CGT et celles et ceux qui en prenaient la défense faisant 21 blessés dont 4 gravement… À Lyon, ce sont d’autres cagoulés (peut-être plus directement fachos) qui s’en sont pris à la CGT Deliveroo-Uber Eats : coups de bâton, insultes, remarques racistes (« Rien à foutre de tes collègues sans-papiers »…). Tout cela est à combattre résolument, et le NPA a assuré la CGT et ses militantEs de son entière solidarité.

Depuis cinq ans, la gestion du maintien de l’ordre et les provocations policières sont un problème récurrent pour le bon déroulement des manifestations dans beaucoup de villes. L’attitude de groupes masqués — certains issus de « l’autonomie » mais d’autres moins identifiable — amplifie ces difficultés. Des questions dont le mouvement ouvrier et ses organisations doivent sérieusement se saisir pour pouvoir construire les manifestations de masse dont notre camp social a besoin ces prochains temps.