Publié le Mercredi 18 mars 2020 à 13h17.

Un bilan contrasté, pour le Rassemblement national au municipales, mais le danger est bien là

En meilleure posture qu’en 2014, après ses derniers succès électoraux, le RN abordait néanmoins ces municipales avec des ambitions mesurées. Conserver les communes conquises en 2014 (et faire oublier le fiasco toulonnais de 1995 !) et, à partir de là, élargir son influence territoriale. Même si l’on doit, vu les conditions particulières de ce scrutin, le faire avec une certaine prudence, on peut néanmoins tirer quelques bilans. Et le bilan du RN pour ce premier tour des municipales est bien contrasté.L’extrême droite a réussi dès le premier tour à garder huit des douze communes dont il s’était emparé en 2014, le tout avec des scores qui ne peuvent qu’inquiéter : Hénin-Beaumont (74,2 %), Beaucaire (59,5 %) Camaret-sur-Aigues (70,2 %), Hayange (63,1 %), Le Pontet (57,2 %), Villers-Cotterêts (53,4 %). Du côté des villes de plus de 50 000 habitantEs, elle conserve Fréjus, Rachline y étant réélu avec 50,6 % des votantEs (certes avec une abstention record de 61,6 %) et Béziers avec Ménard, l’allié du RN, réélu avec 68,7 % des votantEs.

Tremplin pour le présidentielle

Par contre, si le RN arrive en tête dans certains endroits comme à Mantes-la-Jolie ou dans le secteur 7 de Marseille (13e et 14e arrondissements), ce qui lui laisse espérer de prendre de nouvelles mairies, il est loin d’avoir réussi à essaimer comme il le souhaitait. Y compris dans des communes où il avait fait de très bons scores aux précédentes élections, notamment aux européennes, lui laissant présager une possible victoire, comme Denain, Liévin, Miramas, Berre-l’Étang ou encore Nangis. Dans de plus grandes villes, comme Nice, Toulon, Nîmes ou Calais, où il avait fait précédemment de bons scores, il n’arrive pas à dépasser la barre des 20 %. Si le RN est arrivé à s’implanter dans la durée avec les villes qu’il a conservées, il rencontre toujours des difficultés à étendre son implantation territoriale. Sa meilleure opportunité, et sa plus grande ambition, reste Perpignan. Aliot vient d’arriver largement en tête avec 35,6 % des suffrages, loin devant Pujol, le maire LR actuel (18,4 %), devant la liste EÉLV-PS (14,5 %) et la liste du député macroniste (13,1 %). Le score du RN au premier tour, en pourcentage, est légèrement supérieur à celui de 2014, Aliot ayant alors échoué au second tour. Mais la faiblesse de la gauche locale et le discrédit tant du PS que de la droite « républicaine » et macroniste font craindre cette année une victoire électorale d’Aliot. Perpignan serait la seule commune de plus de 100 000 habitantEs à passer sous le contrôle du RN. Depuis Toulon, en 1995, sa plus grande conquête, que ne manquerait pas d’exhiber l’extrême droite. Un laboratoire pour la politique du RN et un tremplin pour une conquête du pouvoir au niveau national qui reste l’objectif principal de Le Pen.