Le 15 avril 2020, un inspecteur du travail a été suspendu de ses fonctions pour avoir voulu imposer à une structure d'aide à domicile de mieux protéger ses salariés face au coronavirus.
Anthony Smith est inspecteur du travail dans la Marne, ancien secrétaire du syndicat CGT du ministère du travail et représentant au Conseil national de l'inspection du travail. Depuis le 15 avril, il est mis à pied dans l'attente d'une procédure disciplinaire pour avoir tenté d'imposer la fourniture de masques à des aides à domicile.
La défense des salariés
Après plusieurs lettres d'observations restées sans effet, il a engagé une procédure de référé contre une entreprise d'aide à domicile qui ne protégeait pas suffisamment ses salariés, afin d'obliger l'employeur à prendre toutes les mesures de prévention nécessaires face au coronavirus. Il a aussi adressé des lettres d'observations à des entreprises de la grande distribution pour les inviter à évaluer et prévenir les risques d'exposition à l'agent biologique dangereux qu'est le covid-19. C'est tout ? Non car en réalité, ce qui lui est reproché c'est d'avoir agi contre l'avis de sa hiérarchie qui ne souhaitait pas qu'il continue à faire son travail et surtout qu'il s'attaque à un gros employeur de la région.
Depuis le début de la crise sanitaire, la hiérarchie du Ministère du travail tente de faire taire l'inspection du travail. D'abord, les agent·es de contrôle et le service public ont été mis en confinement forcé, sans que tous aient accès à des équipements de protection pour aller en contrôle, sans outils fonctionnels pour le travail à distance et le plus souvent sans redirection des appels téléphoniques pour permettre aux salariés qui auraient des urgences à signaler de le faire. Ensuite est venu le temps des menaces, avec une note de la direction générale du travail qui a interdit les contrôles inopinés en entreprise et rendu obligatoire la validation préalable de toute action significative de l'agent·e par sa hiérarchie. De nombreux·ses inspecteurs·ices et contrôleurs·euses ont subi des pressions de leurs supérieurs directs pour tenter de les dissuader de faire respecter le droit du travail. Au point qu'une adresse email spéciale d'alerte a été créée par les organisations syndicales pour que les pressions soient remontées. Plus de cinquante signalements ont été recueillis en deux semaines.
En dépit de ces pressions, de nombreux·ses agent·es de contrôle ont répondu aux sollicitations des salarié·es en danger et exposés au virus au travail. Dans l'industrie, dans la logistique, dans la grande distribution, dans le secteur médico-social, des contrôles ont été effectués, des mises en demeure prononcées et surtout des référés ont été gagnés. Comme dans le Nord, où une inspectrice du travail a contraint, par la procédure d'urgence en référé, un des plus gros employeurs du secteur de l'aide à domicile du département, l'ADAR, de prendre des mesures pour protéger les salarié·es. Il ne fallait surtout pas que cette décision fasse tâche d'huile. Alors, à Reims, la procédure d'Anthony Smith à peine commencée, celui-ci a été suspendu !
Quel est l'objectif du gouvernement
Avec ces pressions et ces sanctions, le gouvernement affiche clairement son objectif : la poursuite de l'activité économique à tout prix. La priorité de Muriel Pénicaud, ce n'est pas la protection des salarié·es. Et la priorité du gouvernement, ce n'est pas non plus de s'intéresser réellement aux sorts des soignants. Dans le secteur de l'aide à domicile en particulier, les salarié·es sont sous-payées, souvent à temps partiel et sont en première ligne aux côtés des plus fragiles. Alors ce que ne veut surtout pas le Gouvernement c'est que les tribunaux, et plus largement l'opinion publique, s'aperçoivent que derrière les grands discours appelant à l'unité nationale et au soutien des soignants, on laisse en réalité les aides à domicile s'exposer au virus et, en même temps, on laisse inévitablement le virus se propager et faire des victimes chez les plus vulnérables.
Alors finissons-en avec ce gouvernement de criminels au service du patronat. Organisons la riposte dès maintenant, malgré le confinement. Rappelons à tou·tes les travailleurs·euses qu'ils n'ont pas à aller travailler et s'exposer au virus, qu'ils peuvent exercer leur droit de retrait et refuser de se mettre en danger. Le NPA demande l'annulation immédiate de la mise à pied et l'abandon de la procédure disciplinaire contre Anthony Smith. Soutien à tou·tes les inspecteurs·ices du travail qui exercent leurs missions au service des travailleurs ! Démission de Muriel Pénicaud !