Lundi 22 février s’est tenue la première séance de négociation de la nouvelle convention d’assurance chômage. Alors qu’elle avait dégagé un excédent il y a huit ans, l’Unédic a replongé dans le rouge sous l’effet de la crise qui a détruit 586 000 emplois dans le secteur privé, entre le premier trimestre 2008 et le troisième trimestre 2015.
Deux rapports de la Cour des comptes et du gouvernement sont opportunément venus renforcer l’exigence de baisse de droits au nom de la réduction de ce déficit. Sans tenir compte du fait que, au-delà du nombre toujours grandissant de chômeurEs, c’est la précarité qui est en grande partie responsable du trou d’environ 3,6 milliards d’euros cette année avec une dette qui devrait culminer à 29,4 milliards en 2016.
Si le gouvernement, garant de la solvabilité de l’assurance chômage, met autant la pression sur les négociations, c’est pour tenir la promesse de réduction de 800 millions d’euros du déficit. En effet, censée être gérée par les syndicats et le patronat, l’Unédic est en fait sous contrôle d’un gouvernement qui, par la voix de François Hollande, s’est permis de dire qu’« en France la durée d’indemnisation est la plus longue d’Europe » et défend l’idée d’une dégressivité de l’allocation versée aux privéEs d’emploi était à creuser.
Le Medef vise le relèvement de l’âge, 50 ans aujourd’hui, à partir duquel les chômeurEs peuvent toucher jusqu’à 36 mois d’indemnisation, contre 24 mois au maximum pour celles et ceux qui ont moins. Une proposition CFDT compatible ! L’autre piste consiste à réduire l’ensemble des allocations. Peu importe au Medef et au gouvernement que moins d’un chômeurE sur deux (43 %) soit indemnisé aujourd’hui, soit 2,64 millions de personnes, et que 15 % des allocataires touchent moins de 500 euros par mois.
Des économies sur le dos des chômeurEs
Lors de la précédente négociation, un premier pas avait été fait avec la surcotisation sur certains contrats précaires, qui n’avait permis qu’une rentrée de 4 millions du fait d’une exonération de cotisations sur les embauches en CDI des moins de 26 ans. Le document de l’Unédic laisse entendre que les salariéEs profiteraient du système en alternant chômage et petits contrats... Les syndicats proposent de majorer les cotisations sur les entreprises qui recourent aux contrats courts, avec un système de « bonus-malus » qui « récompenserait » les employeurs « vertueux » par des prélèvements moindres et soumettrait à une ponction accrue ceux qui ne le sont pas.
Une autre piste d’économies, peu débroussaillée, sur le dos des intermittents se dessine. Les 100 000 intermittentEs du spectacle devraient faire fournir un quart des économies du régime, soit 200 millions d’euros alors que, dans la convention actuelle, 100 millions d’euros d’économies avaient déjà été réalisés aux dépens des artistes et techniciens.
De son côté, la CGT propose le déplafonnement des contributions, aujourd’hui plafonnées à quatre fois le plafond (12 000 euros) de la Sécurité sociale, « contre balancée » par une augmentation des indemnités versées au-delà des 5 600 euros actuels. Selon l’Unédic, 133 000 personnes seraient concernées par une hausse de cotisation et 1 200 par l’augmentation des allocations, avec un « bénéfice » de plus de 700 millions d’euros.
Comme le gouvernement soutient la compétitivité des entreprises via le Pacte de responsabilité, il préconise aussi de réaliser des économies sur le dos des chômeurEs. Une combat que nous devons mener et qui rejoint celui contre la liquidation du code du travail.
Robert Pelletier