Depuis plusieurs mois, un mouvement d’opposition à la pause des nouveaux compteurs Linky prend une ampleur réelle dans tout le pays.
Dans le Vaucluse, des réunions publiques d’information ont rassemblé dans de petites villes et des villages de 150 à 400 personnes, 10 collectifs anti-Linky ont vu le jour. Ces collectifs ont tenu en mars une conférence de presse en mairie d’Avignon. En juin, il est prévu une chaine humaine pour encercler symboliquement un gros bourg de notre département. Il existe au total plus de 1 000 collectifs en France. Il est même question d’une initiative nationale. Près de 600 communes ont adopté des délibérés anti-Linky, ce qui encourage les usagerEs à s’opposer. Ces délibérés sont presque tous rejetés, les préfets les attaquant au tribunal administratif.
Pourquoi une opposition à Linky ?
Ces nouveaux compteurs dits communicants sont en réalité de petits ordinateurs qui enregistrent votre consommation, pratiquement en permanence, par le biais d’un courant porteur qui répand des ondes magnétiques à travers les installations des habitations.
On signalera au passage que l’armée a refusé ces compteurs, en raison des ondes pouvant perturber les différents systèmes de communication et de surveillance.
Par ailleurs, si dans les immeubles et habitations de construction récente, les lignes sont blindées pour éviter la propagation des ondes, ce n’est pas le cas pour des millions de logements plus ou moins anciens !
Les risques pour la santé ne sont pas négligeables car, on le sait, certaines personnes sont très sensibles aux ondes. De nombreux incidents ont été relevés : installations qui disjonctent fréquemment, surchauffe et même quelques incendies, rares cependant.
Certains techniciens embauchés à la va-vite avec des contrats précaires, par des sous-traitants d’Enedis n’ont pas toujours la formation nécessaire.
C’est le grand projet de l’entreprise Enedis (ex ErDF) qui gère le réseau de distribution d’électricité : aboutir au remplacement d’ici à 2021 de près de 40 millions de compteurs, pour un coût estimé à 5,5 milliards d’euros.
Une opération juteuse
L’argument clef fourni par Enedis est que les usagers vont pouvoir contrôler facilement au jour le jour leur consommation, argument qui ne tient pas la route, dénoncé par des associations de consommateurs, car on peut aisément contrôler sa consommation avec les compteurs existants et même avec de vieux compteurs bleus.
Pourquoi alors changer des compteurs qui fonctionnent très bien, s’interrogent bon nombre de gens, y aurait-il un marché juteux pour certains ?
La Cour des comptes, dans un récent rapport, a mis en accusation Enedis pour défaut d’informations, approximations et s’interroge sur le coût d’une telle opération pour les usagerEs, l’entreprise mettant l’accent sur la gratuité de la pose. Une association de consommateurEs, après enquête, a indiqué que dans un avenir proche, Enedis fera payer ces nouveaux compteurs, dont la durée de vie ne dépasserait pas 8 à 10 ans, de manière déguisée sur nos factures, à raison de 15 euros par an par unité, pendant dix ans.
Les usagerEs sont prévenus de la venue de techniciens par un vague courrier, puis de façon agressive par téléphone. Quant aux pratiques de l’entreprise sur le terrain, cela relève de méthode de voyous :– intimidation et menaces de coupures, de facturation très élevée pour la pose à l’horizon 2021 ;– il arrive même que certains techniciens installent les compteurs hors présence des usagers, lorsque les boitiers se trouvent au dehors des habitations.
Le droit de s’opposer
Il est bon de signaler que chacun peut s’opposer, sans aucun risque actuellement, à la pose des Linky ; le ministre Hulot a publié une note en ce sens.
L’Union européenne et l’État français sont favorables au Linky, la Belgique a choisi le refus et l’Allemagne a limité ces compteurs aux plus gros consommateurs, essentiellement les entreprises. Toutefois et tout récemment, la Commission européenne a indiqué, dans un avis, qu’il n’y avait pas d’obligation stricte à la pose « des compteurs dits intelligents ».
Le cas Linky illustre une nouvelle fois le détournement des services publics vers une logique de profit, au détriment des usagers qui verront leur pouvoir d’achat amputé encore un peu plus.Au-delà des résistances indispensables, du rejet de telles dérives, nous, militants anticapitalistes, devons mettre en avant la création d’un service public de l’énergie sous contrôle de la population, pour le bien de toutes et tous.
Jean-Paul Castels