La Confédération paysanne est à l’origine d’une tribune intitulée « Photovoltaïque sur des terres naturelles, agricoles ou forestières : nous ne tomberons pas dans le panneau ! » signée par plus de 350 structures en septembre 2023.
Parmi lesquelles des syndicats, des associations locales et régionales (LPO Occitanie et FNE Occitanie), et quelques députés (LFI et EÉLV). La même opposition est exprimée par des scientifiques et des politiques : des organisations engagées contre le changement climatique qui s’opposent à des centrales photovoltaïques, il y a de quoi surprendre.
Les terres consacrées à l’énergie
Partout en France, on voit « fleurir » quantité de projets d’installation de parcs solaires au sol, dans des zones agricoles ou milieux naturels ou forestiers. Pour faire passer la pilule, on a même inventé un nouveau mot : l’« agrivoltaïsme ». Les terres ne seraient plus uniquement utilisées pour la ressource alimentaire mais pour fabriquer de l’énergie, avec le soutien enthousiaste des agriculteurs qui verraient là de quoi résoudre tous leurs problèmes économiques.
En 2022, près de 200 installations photovoltaïques sur terrains agricoles existaient déjà en France, près de 1 000 projets seraient en gestation. L’inflation de ces projets est encouragée par le vote de la loi d’accélération des énergies renouvelables (AER) du 10 mars 2023.
Cette loi et ses décrets sont des modèles d’hypocrisie. Prétendant protéger l’activité agricole, elle entérine le fait d’utiliser les terres agricoles pour un autre usage que la production alimentaire. Si les ouvrages solaires au sol sont interdits sur les terres cultivables, ils seront uniquement permis sur des terres « réputées incultes », donc des milieux naturels riches en biodiversité ou « non exploitées depuis un certain temps », sans plus de précision !
Ne pas couper les arbres !
Dans les zones forestières, les installations solaires sont interdites « dès lors qu’elles nécessitent d’abattre des arbres », mais si on a fait une coupe rase pour exploiter le bois, on pourra mettre les panneaux puisqu’il n’y aura plus nécessité de couper les arbres, ce sera déjà fait ! Ils prévoient aussi que les installations de parcs solaires au sol jusqu’à 6 ha pourront, comme les projets justifiés par le besoin de faire de l’ombre baptisés « ombrières », s’affranchir des obligations d’enquête publique ou d’étude environnementale.
Diminuer notre consommation
Le photovoltaïque doit être installé uniquement sur les toits et les zones artificialisées. Toute installation au sol dans les zones agricoles, forestières et naturelles doit être interdite. Si ce choix n’a pas été fait, c’est uniquement pour le profit immédiat des entreprises de l’énergie.
Climat et biodiversité sont indissociables. Et surtout l’urgence absolue est de diminuer notre consommation énergétique. Si on ne raisonne pas en termes de sobriété, le photovoltaïque, comme les autres énergies renouvelables, continuera à s’ajouter aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon, nucléaire), comme c’est le cas aujourd’hui, sans jamais les remplacer.
Commission nationale écologie