La direction de Veolia Eau, leader mondial du marché de l’eau, est actuellement dans la tourmente avec une dette d’environ 13 milliards d'euros qui n’est pas due qu’aux crises et pertes de contrats. Du coup, elle a décidé de faire des coupes dans ses effectifs, appelant 10% de ses 15 000 employés à des « départs volontaires » au nom de la compétitivité. Et pour accélérer le processus, elle revient aux bonnes vieilles méthodes de répression individuelle.Après avoir licencié il y a quelques mois un salarié pour une perte de permis en dehors du travail, elle a viré un employé de l’agence d’Avignon pour « refus de mettre en œuvre les fermetures de branchements faisant suite au non-paiement de facture ». Car, selon Veolia, ses refus de couper l’approvisionnement en eau nuisaient à l’organisation du travail, d’autres agents devant alors procéder à ces coupures non effectuées. Il lui aura pourtant fallu du temps pour réagir puisque c'est depuis 2006 qu’il refuse de couper l’eau aux familles de « mauvais payeurs » (environ un millier).
Dans le collimateurLe plan de réorganisation lancé en août 2011 est désormais en application et les salariés du groupe vont donc devoir être méfiants et se montrer solidaires afin d’être prêts à contre-attaquer. Car, évidemment, les cibles sont toutes choisies : d'abord les employés qui font du social et gardent encore une conscience de mission de service public et ceux qui commettent des « fautes professionnelles » (plusieurs salariés passent en conseil de discipline). Avant de s’en prendre à tous les salariés, parmi lesquels les dépressifs et les victimes de harcèlement (notamment chez le personnel administratif très largement féminin), salariés qui vont devoir accepter des tâches supplémentaires, voire migrer vers d’autres agences sous menace d’être virés.Seront aussi bientôt touchés les employés proches de la retraite, ceux ayant des problèmes de santé, des handicaps physiques et ceux qui ne seraient pas dans le « moule de l’entreprise », à commencer par les militants syndicaux, notamment de FO qui vient de renvoyer la direction devant les prud’hommes.Car la direction va reprendre sa répression antisyndicale (contre FO mais aussi la CFDT et les oppositionnels de la CGT), ayant en travers de la gorge la grève nationale de 4 jours en juin 2012 qui a vu 75 % des employéEs cesser le travail et manifester, grève qui s’est terminée par le sabotage de la direction de la CGT (majoritaire) qui a signé un accord avec la direction.Pour cela, la direction veut refondre le système des élections de DP et de CE qui ne se feront pas avant l’automne, et dont les résultats pourraient bien déboucher sur un nouveau mouvement social, que beaucoup de salariés attendent vu leur ras-le-bol de la situation. Pour l’instant, les négociations direction/syndicats continuent et la défense des salariés réprimés se fait dans le cadre des lois du travail. À suivre.
I. Drolic