Publié le Jeudi 13 octobre 2022 à 12h00.

Absolue démesure de la société du spectacle

Les Jeux asiatiques d’hiver 2029 en Arabie saoudite : on voudrait croire à une plaisanterie tellement cela paraît invraisemblable. Nous en sommes là… Un pays n’existant que par la rente pétrolière corrompt les instances de décision et lance le projet fou de création ex nihilo d’une ville et d’installations dans les montagnes où, à 2 600 m, il ne tombe de neige que un à deux jours par an.

« Dépassé les bornes, il n’y a plus de limites » disait Desproges… Venant après les championnats du monde d’athlétisme au Qatar en 2019, stade vide et 3 000 bouches de clim soufflant du froid, après la coupe du monde de foot cette fin d’année au Qatar, avec ses huit stades à ciel ouvert climatisés… et avec ses 6 500 morts sur les chantiers, l’annonce de ces Jeux asiatiques d’hiver nous fait franchir un nouveau cap. La sanguinaire dictature saoudienne nous fait entrer dans l’absolue irresponsabilité mégalomaniaque : « Nous allons redéfinir le tourisme de montagne à l’échelle planétaire tout en respectant les principes de l’éco-tourisme ». 500 milliards de dollars sont appelés pour créer une ville et les sites des Jeux, pour bétonner les montagnes, les couvrir de neige crachée par les canons pompant l’eau manquant déjà si cruellement. Le capitalisme fossile manifeste à travers ce projet tout son caractère mortifère et nous laisse entrevoir vers quelles extrémités il peut nous entraîner.

Ces Jeux asiatiques d’hiver 2029 doivent être empêchés. L’affaire est trop grave. Leur tenue serait une défaite. Déjà se développe à une échelle internationale un mouvement de boycott de la Coupe du monde de foot au Qatar. Le boycott doit être l’occasion de grands débats, sur le sport business, sur les enjeux écologiques planétaires, sur ce que pourrait être le foot, sur la place du sport dans une société se donnant un objectif d’émancipation… L’alternative est bien « écosocialisme ou barbarie ». Et sur la lancée du boycott, nous pouvons et devons empêcher cette folie que même la très conservatrice fédération française de ski conteste.