Pendant trois semaines, entre fin août et mi-septembre, a eu lieu comme chaque année la Vuelta, le Tour d’Espagne cycliste, un des plus importants événements sportifs annuels. Et cette fois, devant les médias de toute la planète, le spectacle sportif ne s’est pas tout à fait déroulé comme prévu.
En cause, un caillou dans la chaussure des organisateurs nommé « Israel Premier Tech ». Comme son nom l’indique, il s’agit d’une équipe israélo-canadienne, dirigée par Sylvan Adams, un milliardaire proche de Netanyahu, et destinée à promouvoir le pays et à laver son image à travers le sport.
La course interrompue par les masse des manifestantEs
Après deux ans de génocide à Gaza et de nettoyage ethnique accéléré en Cisjordanie, avec la majorité des populations révoltées par les images quotidiennes qui parviennent de l’anéantissement du peuple palestinien, et la complicité soutenue de toutes les bourgeoisies occidentales, la présence de cette équipe sur une course aussi populaire a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les collectifs Palestine de l’État espagnol se sont mis en route et ont décidé de lancer une campagne sur la Vuelta, pour demander l’expulsion d’Israel Premier Tech. Manifestations quotidiennes sur le bord des routes, envahissement des parcours, drapeaux palestiniens présents en masse dans les aires d’arrivée. Le tournant a eu lieu pendant une étape au Pays basque, avec la course arrêtée et raccourcie devant la masse des manifestantEs. Et les jours suivants à l’identique, avec une répression policière allant crescendo et une course confinant de plus en plus à l’absurde, alors qu’il suffisait d’un geste des organisateurEs, de l’Union cycliste internationale et du pouvoir politique.
Une étape complètement annulée
Lors de l’arrivée du Tour à Madrid, le 14 septembre, la campagne pour le boycott d’Israel a pris un tournant historique. Ce sont plus de 100 000 manifestantEs qui ont envahi le parcours final, en démolissant les barrières, en les utilisant comme barricades contre la police, et en forçant, pour la toute première fois en 90 ans de Vuelta, l’annulation complète d’une étape.
Duplicité du gouvernement
Le résultat de cet événement majeur a pour effet d’augmenter la pression sur le gouvernement espagnol, au sujet duquel il s’agit de mettre les choses au clair. La coalition au pouvoir PSOE-Sumar, qui se prétend depuis deux ans en pointe dans le soutien aux PalestinienNEs, est en réalité d’une énorme duplicité. Comme l’ont pointé notamment les collectifs BDS Madrid et Valence, ainsi que nos camarades d’Anticapitalistas, l’Espagne et Israel, c’est en réalité :
- 46 contrats d’armement, pour une valeur d’un milliard d’euros, jamais dénoncés ;
- des bateaux chargés d’armes, incluant des missiles, partant quotidiennement des ports espagnols ;
- un pays qui, en 2025, est celui qui a le plus commercé avec Israel parmi tous ceux de l’UE ;
- des promesses sans cesse repoussées, chaque semaine, de mettre en place un embargo avec l’État sioniste ;
- aucune rupture des relations diplomatiques, au-delà de querelles médiatiques bien orchestrées ;
- et que dire du fait d’envoyer 2 500 flics, arméEs de blindés, LBD et grenades lacrymo, pour réprimer les manifestantEs le jour de l’arrivée de la Vuelta, tout en prétendant « admirer celles et ceux qui se mobilisent pour Gaza » ?
En réalité, une tentative de flatterie et d’appropriation de leur combat, et une stratégie de communication bien huilée, destinée à masquer ce que disent les militantEs de soutien à la Palestine en Espagne : « Nous faisons dans la rue ce que le gouvernement est incapable de faire. »
Les belles paroles non suivies de mesures contraignantes n’ayant jamais arrêté un génocide, la bataille continue pour boycotter, isoler et défaire Israel, à commencer par son expulsion des événements liés à la culture populaire.
¡ DESDE EL RÍO HASTA EL MAR, PALESTINA VENCERÁ !