Publié le Jeudi 29 septembre 2011 à 21h37.

Aide alimentaire : une menace contre les plus démunis

Les 27 ministres de l’Agriculture de l’Union européenne réunis à Bruxelles le 20 septembre ont discuté de réduire, voire de supprimer, le programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD). Cela reviendrait à asphyxier les associations comme les banques alimentaires, les Restos du cœur, la Croix rouge, le Secours populaire ou les 240 organisations de solidarité en Europe, qui assurent l’essentiel de la nourriture de 13 millions de pauvres dans les dix-neuf États membres qui ont recours à cette aide.

Tous ces ministres si empressés à prendre des milliards sur les finances publiques pour permettre à leurs maîtres, les financiers, de continuer leurs spéculations se préparent à littéralement affamer les millions de femmes et d’hommes les plus durement touchéEs par la crise provoquée par cette politique irresponsable.

Les autorités européennes voudraient amputer cette aide, dès 2012, de 400 millions d’euros sur un montant total actuel de 480 millions, soit de plus de 75 %. Ce serait un coup terrible pour l’aide alimentaire au moment où la politique des classes dominantes et des États ne cessent d’aggraver les inégalités, secrète la pauvreté.

Le PEAD a été créé en 1987 à l’initiative de Jacques Delors, alors président de la commission européenne, et de Coluche, fondateurs des Restos du coeur, dans le but de permettre la redistribution des surplus alimentaires. À partir de 1992, la politique agricole commune (PAC) abandonne peu à peu la politique de stockage des surplus et le PEAD est contraint d’acheter sur le marché la nourriture nécessaire, achat financé par la PAC. Cela représente 1 % de son budget.

L’Allemagne, qui n’a pas recours au PEAD, a porté plainte contre cet état de fait auprès de la Cour européenne de justice du Luxembourg arguant que le budget de la PAC ne devait pas avoir d’autre fonction que de soutenir l’agriculture. En avril, la Cour a estimé que cette aide au PEAD n’était pas compatible avec la politique agricole de l’UE car elle relevait du domaine du social, pas de l’agriculture. En fait, la PAC devrait avoir pour tâche d’assurer la sécurité alimentaire ce qui ne s’oppose pas à l’aide aux agriculteurs, bien au contraire. Sauf que cela ne répond pas aux exigences de la course aveugle et stupide à la rentabilité libérale.

Au Secours populaire, plus de la moitié des colis garnis de pâtes, riz, boîtes de conserve ou steaks hachés surgelés proviennent du PEAD qui permet aux associations françaises ou européennes de collecter entre 25 et 55 % tant de produits de base que de produits frais distribués toute l’année, 90 % en Pologne et en Hongrie. Si le PEAD était supprimé, ces associations n’auraient d’autre choix que de se tourner vers le privé, les supermarchés ou les centrales d’achat. Un apport très aléatoire puisque ne sont donnés que les invendus.

Les associations tentent de mobiliser l’opinion pour empêcher ces cyniques affameurs de mettre à exécution, en octobre, leur scandaleuse menace.

Yvan Lemaitre