Depuis quelques semaines, la situation des jeunes – et en particulier des étudiantEs – a fait la une des médias. De la détresse psychologique aux longues files d’attente devant les distributions de colis alimentaires, les jeunes paient le prix fort de la politique « sanitaire » du gouvernement au service des patrons.
Certes, la précarité des jeunes n’est pas une nouveauté : en 2017, sur 5 millions de pauvres en France, la moitié avait moins de 30 ans. Mais la crise sanitaire a eu des effets ravageurs chez les jeunes, d’autant que de nombreuses familles peinent de plus en plus à soutenir financièrement leurs enfants en raison de revenus amputés par la crise.
Jeunes exploitéEs
Dernier embauché, premier viré ! Les jeunes travailleurEs ont été frappés de plein fouet par le chômage : alors qu’ils représentent un tiers des emplois des 18-24 ans, les contrats courts, l’intérim et les autres types de contrats précaires ont été les premiers touchés, notamment dans la restauration, la culture ou les services.
Après avoir répété qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver du travail, Macron et son gouvernement ont lancé cet été le plan « Un jeune, une solution », qui devait garantir des emplois pour les 700 000 jeunes attendus sur le marché du travail en septembre 2020. Et quels emplois ! Des jobs précaires et mal payés, comme les 300 000 contrats d’insertion, ou les 100 000 services civiques supplémentaires (payés au mieux 688 euros/mois !), sans parler des exonérations fiscales (jusqu’à 4 000 euros) pour les patrons qui embauchent des moins de 25 ans et des apprentis.
Les promesses n’étaient donc pas mirobolantes et visaient surtout à subventionner les embauches par de l’argent public. Mais la vague de suppressions de postes qui gonfle depuis le printemps dernier a aggravé la crise, pendant que la montée du chômage fait pression sur les salaires et les conditions de travail. Souvent privés d’indemnités et de dispositifs d’activité partielle, les jeunes travailleurEs sont soumis à une exploitation patronale féroce (l’exemple typique étant la livraison à vélo) pour boucler les fins de mois.
Et même si les jeunes font la queue à la soupe populaire, pas question d’ouvrir des allocations ! Alors que l’État déverse des centaines de milliards aux entreprises à travers les plans de relance, il refuse d’octroyer le maigre RSA (564 euros, dont les APL) aux moins de 25 ans !
Au mieux, celles et ceux qui ne travaillent pas et ne suivent pas d’études (soit près d’un million de 16-25 ans) essaieront d’obtenir la « garantie jeunes » (497 euros mensuels) que le gouvernement a promis d’étendre à… 200 000 personnes, en 2021.
Mais ce dispositif difficile d’accès écarte délibérément les salariéEs, les étudiantEs et les jeunes en formation. Pour eux, Bruno Le Maire propose un prêt de 10 000 euros à taux zéro : le peu qu’ils donnent, il faudra leur rendre…
Pour éviter que les jeunes s’habituent à recevoir des allocations sans travailler (« l’assistanat », un privilège réservé aux actionnaires), le gouvernement préfère les former au « monde – du travail – d’après »… Au programme : chômage, galère et exploitation.
Étudiants abandonnés
La situation des étudiantEs n’est pas meilleure. Macron avait lâché à certains une petite prime de 200 euros en juin pour calmer la colère qui montait. Mais il a fallu 10 mois de crise sanitaire et un début de contestation pour forcer le gouvernement à agir, après avoir fermé les universités et abandonné les étudiantEs aux cours en ligne et à la dépression, dans l’attente d’un déconfinement qui tarde. 30 % des étudiantEs disent rencontrer des difficultés financières depuis le début de l’épidémie : car s’il faut faire une croix sur la fac et la vie sociale, il faut toujours se nourrir et payer le loyer !
Y compris au CROUS, l’organisme public rattaché au ministère de l’Enseignement supérieur, qui continue de prélever les loyers des logements exigus et parfois vétustes des cités universitaires. Pas question pour l’État qui les gère de les suspendre : il faut payer ! Quitte à rogner sur les dépenses alimentaires...
À ce sujet, les annonces de la ministre Vidal sur les restos universitaires sont aussi tardives qu’insuffisantes. Certes, le 25 janvier, le tarif « boursier » a été étendu à touTEs les étudiantEs, faisant passer le coût du repas de 3,30 à 1 euro (une ristourne qui ne coûte pas grand-chose). Mais encore faut-il pouvoir se le procurer…
Malgré la réouverture en catastrophe de la plupart des restos U (souvent fermés depuis octobre), ils sont incapables de servir tout le monde. Pas assez de places et encore moins de personnel pour cuisiner, donc des quantités insuffisantes. Quant à la qualité des repas proposés… disons qu’elle est souvent à l’image de la politique du gouvernement à l’égard de la jeunesse.
Une politique d’ailleurs assumée par Vidal, qui a loué sur Twitter les sacrifices des étudiantEs et promis : « Le pays vous le rendra ». En attendant, il faut compter sur la banque alimentaire et les supermarchés qui font leur com’ avec quelques promotions pour étudiantEs…
Quant aux « chèques psy » promis par Macron, leur nombre est aussi insuffisant que celui des étudiantEs autorisés à revenir dans les facs. Face à cette pandémie qui dure, au décrochage scolaire, à la privation de liens sociaux, la détresse psychologique des jeunes risque d’empirer et de s’ajouter aux difficultés matérielles.
À moins que la jeunesse ne se rebelle. Ce ne serait pas la première fois ! Espérons qu’elle fera au plus vite entendre ses exigences, qui ne sont pas si éloignées de celles du reste de la population. Au travail ou en formation, la précarité des jeunes n’est qu’un aspect de la paupérisation galopante qui touche une grande partie du salariat, ici et ailleurs. Le résultat d’une politique au service des patrons, qu’il faudra faire plier, pour que les travailleurEs et les jeunes cessent de payer la facture de la crise sanitaire.