Publié le Dimanche 25 mars 2012 à 19h55.

Cadres et victimes

William Pinson est cadre commercial depuis 1995 à Lyon, dans une société familiale de matériel incendie, qu’il a fortement contribué à développer. Sa vie bascule quand le groupe Atalian, leader européen du multiservices pour les entreprises et collectivités locales rachète la petite entreprise florissante. Le groupe Atalian (1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, 25 000 salariés) rachète une flopée de petites entreprises et évidemment restructure. La nouvelle filiale constituée, Sécurité protection feu (SPF) propose à William une mutation à Lunel Viel, siège social de toute la zone Sud avec 324 salariés. 

Il accepte ce qu’on lui présente comme une promotion. Mais c’est pour mieux le licencier ensuite.En effet, quelques mois après la mutation, le voilà convoqué par ses supérieurs pour une « rupture conventionnelle », qu’il refuse. Il reçoit sa lettre de licenciement pour « cause réelle et sérieuse » car il n’a pas réalisé les objectifs assignés, bien entendu irréalisables. William n’est pas le seul, tous les autre cadres ou directeurs de région, une dizaine, sont licenciés.

Il s’agit pour SPF et le groupe Atalian de se débarrasser de cadres expérimentés mais trop coûteux. Toutes les méthodes sont utilisées : harcèlement moral, non-paiement de salaires. Beaucoup craquent, William fait une dépression, Sébastien Alibert, un autre cadre dans la même situation, est au bord du suicide... Dans un courrier de juillet 2010, l’inspection du travail constate « de grandes pressions conduisant indubitablement à une grande souffrance au travail ».

Mais ils se battent devant la justice prudhomale. Ils gagnent en référé, mais doivent faire appel à nouveau aux tribunaux pour obtenir leurs indemnités car l’entreprise fait traîner, change de nom, de siège social… William et tous les autres licenciés sont décidés à se battre jusqu’au bout pour faire valoir leurs droits.

J.C Carcenac et Claude Dubois