« Pour nous, ça ne change rien puisque la GLI est remplacée par la GM2L » : c’est ainsi qu’a réagi un CRS, cité par l’AFP, suite à l’annonce par Christophe Castaner du retrait « immédiat » des grenades GLI-F4. Voilà qui confirme sans ambiguïté, pour ceux qui en doutaient, que la décision du ministre de l’Intérieur s’inscrit avant tout dans une logique de communication, et absolument pas dans une volonté de réduire les risques de blessures et de mutilations pour les manifestantEs.
La production des GLI-F4 avait cessé depuis 2014, et leur remplacement par les GM2L était déjà en cours. Des grenades qui ne sont pas moins dangereuses, comme l’ont souligné les avocats de plusieurs blesséEs et mutiléEs dans un communiqué publié après les annonces de Castaner : « Si [la GM2L] ne contient certes pas de TNT, elle est dotée d’un dispositif pyrotechnique équivalent et possède les mêmes caractéristiques lacrymogènes et assourdissantes. Sa fonction, quant à elle, demeure : traumatiser les corps et les esprits. »
Il n’y a donc, du côté de pouvoir, aucune remise en cause des stratégies violentes de maintien de « l’ordre » et de l’utilisation d’armes de guerre, mutilantes, contre les populations. Aucune compassion pour les victimes, aucun regret, aucune forme d’autocritique. Le syndicat Unité-SGP Police-FO ne s’y est pas trompé qui, par la voix de son secrétaire général, a parlé d’un « effet d’annonce à vocation politique, à quelques semaines des municipales ».
On notera toutefois, et l’on doit s’en féliciter, que si l’annonce du retrait d’une arme mutilante a une « vocation politique », c’est parce que le débat sur les violences policières est désormais installé dans le paysage, en raison de l’ampleur et de la persistance du phénomène, que plus personne ne peut nier, et grâce à la mobilisation des blesséEs, des mutiléEs et de leurs avocats, et au précieux travail des journalistes indépendants. L’enfumage de Castaner est donc révélateur, « en même temps », de la volonté du pouvoir de maintenir sa gouvernance autoritaire et de la pression qui s’exerce sur lui au sujet de violences qu’il ne peut plus nier. Une obstination fébrile qui nous doit convaincre de la nécessité et de la possibilité d’en finir avec Macron, Castaner et Cie, dont le projet n’est rien d’autre que la liquidation l’ensemble de nos droits sociaux et démocratiques.