Alors que François Hollande s’est engagé à ne se pas représenter en 2017 pour un second mandat présidentiel en cas d’échec dans la lutte contre le chômage, celui-ci ne cesse d’augmenter. Pour tenter de sauver la mise au soldat Hollande, le gouvernement multiplie les tentatives d’en faire baisser les chiffres à défaut de le réduire réellement.
Au fil des mois, les offensives se diversifient. Flicage des chômeurEs, trafic des statistiques avec le développement de pseudos formations (L’Anticapitaliste n°319), et maintenant le retour de la dégressivité des allocations chômage. En France, le montant perçu par les chômeurs est le même durant toute la durée de leur indemnisation. Un chômeurE indemnisé touche une allocation de retour à l’emploi (ARE) correspondant à 57 % (ou 40,4 % et 11,72 euros par jour si ce calcul lui est plus favorable) de son ancien « salaire journalier de référence » (la moyenne des salaires bruts des douze derniers mois, moins notamment les absences maladie).
La nouvelle offensive a été engagée mi-janvier avec le rapport de la Cour des comptes dénonçant un régime généreux et préconisant des mesures radicales pour redresser un régime qui devrait cumuler 29,4 milliards d’euros de déficit fin 2016. Depuis, la ministre du Travail Myriam El Khomri, le ministre de l’Économie Michel Sapin, le secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement Le Guen, ainsi que François Hollande, se sont relayés pour indiquer que cette option pourrait être envisagée par le gouvernement si jamais les négociations entre « partenaires sociaux » au sein de l’UNEDIC n’aboutissaient pas...
Dégressivité, une recette à la Notat
Pratiqué dans plusieurs pays européens, le principe de dégressivité dans le temps correspond à une période d’indemnisation à taux plein, suivie d’une autre pendant laquelle le montant versé aux chômeurs est réduit.Ce mécanisme de baisse progressive a été expérimenté entre 1992 et 2001, sous la présidence de l’UNEDIC par Nicole Notat, et abandonné depuis, sans avoir démontré son efficacité sur le retour à l’emploi. Le protocole d’accord de 1992 remplaçait l’allocation de base et l’allocation de fin de droits par une l’allocation unique dégressive (AUD). Le montant de l’allocation de départ restait le même (de 57 à 75 % du salaire de référence) pendant une durée variant de quatre à vingt-sept mois suivant la filière. Ensuite, le montant de l’indemnisation baissait tous les quatre mois jusqu’à ce qu’il atteigne le niveau plancher de 2 500 francs, ou bien jusqu’à épuisement des droits.
Les différentes pistes vont de la baisse du taux plancher d’indemnisation, en appliquant un ratio de 0,9 jour indemnisé pour un jour travaillé (contre un pour un actuellement), à la réduction à cent jours de la durée maximale d’indemnisation, avec une promesse de contre partie pour les chômeurEs sous forme de « droits à la formation et à la reprise d’emploi ».Des mesures sans efficacité sur le nombre de demandeurEs, mais qui vont pénaliser gravement les chômeurEs de longue durée, dont le nombre ne cesse d’augmenter : 43,2 % fin 2014 (2,25 millions de personnes ) à 44,8 % en septembre 2015. Et qui n’apporteront évidemment rien à la moitié des presque 6 millions de chômeurEs qui sont actuellement non indemniséEs...
Robert Pelletier